L’euro grimpe, le ton monte entre Jean-Claude Trichet et Nicolas Sarkozy

 
 
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Jean-Claude Trichet et Nicolas Sarkozy à Washington le 24 avril 2004 (Photo : Nicholas Roberts)

[11/07/2007 17:06:16] LONDRES (AFP) L’euro a enregistré un nouveau record historique mercredi en tout début d’échanges, avant que le président de la BCE Jean-Claude Trichet ne fasse part de son irritation à l’encontre des critiques émises par Nicolas Sarkozy sur la politique monétaire européenne.

L’euro a grimpé pendant les échanges asiatiques jusqu’à un nouveau record historique, à 1,3787 dollar.

Vers 16H00 GMT (18H00 à Paris), il valait 1,3750 dollar, contre 1,3745 dollar mardi vers 21H00 GMT.

Devant le Parlement européen de Strasbourg, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet a appelé les hommes politiques à faire des commentaires “aussi responsables que possible” sur le taux de change de l’euro. Il a rappelé que tous les gouvernements de la zone euro avaient signé le traité de Maastricht garantissant l’indépendance de la BCE.

Ces commentaires visaient de manière transparente le président français Nicolas Sarkozy, auteur de critiques répétées sur la gestion de la politique monétaire par la BCE. Le président français estime qu’elle entretient par ses hausses des taux d’intérêt une progression de l’euro néfaste pour l’économie européenne.

“Sur la politique monétaire, nous ne sommes pas exactement sur la même longueur d’onde”, avait souligné le président français lundi à Bruxelles.

Il a demandé mercredi à la ministre de l’Economie et des Finances Christine Lagarde de travailler à l’élaboration d’un “gouvernement économique de l’Europe”, afin notamment de mettre au point une politique de change.

“Les protestations de Nicolas Sarkozy ont reçu beaucoup de publicité dernièrement, c’est peut-être ce qui pousse M. Trichet à réagir. Les tensions entre les deux hommes sont de plus en plus claires”, a estimé Jennifer McKeown, économiste au cabinet Capital Economics.

“Les interventions de M. Sarkozy ne font pas bon effet. Mais il est isolé en Europe, ce qui annihile leur impact”, ajoute-t-elle.

Parmi les acteurs politiques influents en Europe, la chancelière allemande Angela Merkel répète à l’envi son attachement au principe d’indépendance de la BCE, un “point crucial” selon elle.

Du reste, à en juger par les propos tenus mardi soir par Jürgen Stark, membre du directoire de la BCE, la banque centrale ne semble pas prête à renoncer à l’impératif de stabilité des prix, et devrait relever encore une fois au moins son taux directeur.

La force de l’euro “reflète simplement la relance économique en Europe”, a-t-il estimé, jugeant la politique monétaire de la zone euro “encore accommodante”.

Ces propos “laissent envisager une hausse des taux en septembre, et ne permettent pas d’exclure l’hypothèse d’une autre en décembre”, a commenté Julian Callow, économiste de Barclays Capital.

Ce diagnostic est conforme à l’hypothèse des marchés financiers, qui tablent sur des taux à 4,50% fin 2007 ou début 2008 en zone euro.

 11/07/2007 17:06:16 – © 2007 AFP