Pétrole : l’Opep reste sourde aux appels des pays consommateurs

 
 
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Une pompe à essence (Photo : Behrouz Mehri)

[11/07/2007 18:03:28] PARIS (AFP) L’Opep a adressé mercredi une fin de non-recevoir aux pays consommateurs de pétrole espérant une augmentation de son offre de brut pour freiner la flambée des cours, qui fait s’envoler les prix des carburants notamment en Europe.

“Les prix élevés du pétrole auxquels nous assistons ne sont en aucune façon liés à l’approvisionnement en pétrole brut”, a affirmé le secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), Abdullah el-Badri, dans un communiqué.

Il répète ainsi la position défendue par le cartel depuis plusieurs mois, soulignant que les stocks de brut sont “au plus haut depuis neuf ans aux Etats-Unis”, et supérieurs “à leur moyenne des cinq dernières années” dans les 30 pays de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), qui réunit les principaux pays consommateurs.

“Jusqu’où l’Opep est prête à laisser les prix monter? Manifestement assez haut”, constate Francis Perrin, directeur de la revue le Pétrole et le Gaz arabes.

Mardi, les prix pétroliers sont montés à leurs sommets depuis août 2006 à Londres et à New York, à respectivement 76,63 et 73,08 dollars le baril.

Le marché de l’essence est également tendu, au beau milieu de la saison des départs estivaux en voiture.

Les prix à la pompe en France s’approchent de leurs records de l’été 2006, malgré l’euro fort qui limite la facture pétrolière libellée en dollars.

Aux Etats-Unis, même s’ils sont un peu retombés de leurs sommets historiques de mai, ils se maintiennent au niveau élevé de 3 dollars le gallon (3,78 litre).

Pour l’Opep, ce sont “les capacités de raffinage insuffisantes, des problèmes techniques continuels dans les raffineries américaines, des tensions géopolitiques et une augmentation de la spéculation sur les marchés” qui sont à l’origine de la récente envolée des cours.

Le prix du brut est notamment soutenu par les inquiétudes qui entourent le programme nucléaire de l’Iran, quatrième producteur mondial d’or noir, par l’instabilité au Nigeria, premier producteur africain, et par le faible niveau des réserves d’essence aux Etats-Unis.

Pour Francis Perrin, “l’Opep réaffirme qu’elle a son propre calendrier”, alors que sa prochaine réunion n’est prévue que le 11 septembre. Elle veut aussi “montrer qu’elle ne veut pas intervenir sous la pression insistante des pays de l’AIE”.

L’Agence internationale de l’énergie, qui défend les intérêts énergétiques des pays de l’OCDE, demande en effet depuis des mois au cartel d’augmenter sa production et devrait répéter cet appel lors de la publication de son prochain rapport mensuel pétrolier vendredi.

Ce rapport “montrera vraisemblablement que” l’offre de brut au deuxième semestre est insuffisante en l’état, car les raffineries ont terminé leur période annuelle de maintenance et devraient “massivement augmenter leur production” dans les six mois à venir, a indiqué à l’AFP mercredi Claude Mandil, directeur de l’AIE.

M. Mandil voit cependant avec optimisme le fait que l’Opep reconnaisse le niveau élevé des prix pétroliers tout en affirmant qu’elle agira si elle a les preuves d’une “pénurie” de brut.

Mardi, M. Mandil soulignait à l’issue d’une conférence de presse que le cartel pourrait augmenter discrètement sa production pétrolière dans les mois qui viennent sans forcément l’annoncer.

“Ce ne serait pas la première fois que les pays de l’Opep auraient des pratiques de production légèrement supérieures à ce qu’ils ont annoncé”, a-t-il commenté.

Francis Perrin juge lui “assez probable, vu le niveau de prix que l’on atteint et que l’on pourrait dépasser dans les jours qui viennent” que l’Opep décide d’augmenter ses objectifs de production lors de sa réunion de septembre.

 11/07/2007 18:03:28 – © 2007 AFP