Au Monopoly des métaux, Chine, Inde, Russie et Brésil mènent la danse

 
 
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Une usine Alcoa en Hongrie

[12/07/2007 06:31:14] NEW YORK (AFP) Acier, nickel, cuivre, or, aluminium: les cours s’envolent, poussant les géants miniers mondiaux dans une frénésie de fusions, où s’imposent désormais les groupes des pays émergents: la Chine, l’Inde, la Russie et le Brésil.

Les méga-transactions se comptent par dizaines depuis la fin 2006.

Encore mercredi, le sidérurgiste brésilien Gerdau a racheté l’américain Chaparral pour 4 milliards de dollars, et le géant canadien de l’aluminium Alcan, cible d’une OPA hostile de l’américain Alcoa, a dit discuter d’un rachat par l’anglo-australien Rio Tinto, le troisième groupe minier mondial.

Le rachat de Chaparral poursuit le tourbillon de rapprochements dans l’acier et le fer ces derniers mois par les géants indiens et brésiliens.

L’indien Tata Steel a racheté début 2007 l’anglo-néerlandais Corus pour 9,3 milliards d’euros, et l’indien Mittal a racheté en 2006 le français Arcelor pour plus de 25 milliards d’euros.

Le brésilien CVRD vient lui de s’emparer du producteur australien AMCI, après avoir frappé un grand coup fin 2006 en rachetant pour 13,3 milliards de dollars le leader canadien du nickel Inco, devenant deuxième groupe minier mondial.

C’était la plus grosse acquisition à l’étranger jamais réalisée par un groupe brésilien.

L’aluminium est l’objet de toutes les convoitises: pendant qu’Alcoa essaie d’acquérir Alcan pour 33 milliards de dollars, le leader minier mondial, l’anglo-australien BHP Billiton, voudrait selon la presse racheter Alcoa pour 40 milliards, avec l’aide du fonds Blackstone.

Les analystes craignent d’ailleurs que l’arrivée des fonds d’investissement dans ce secteur accélère encore les transactions et les enchères.

Le Canada, l’un des plus riches pays miniers, vient de voir racheter coup sur coup trois de ses fleurons de l’acier, dont deux par des groupes indiens: Dofasco par Mittal Arcelor, Ipsco par le suédois SSAB et Algoma par l’indien Essar Global.

Le dernier sidérurgiste canadien indépendant, Stelco, intéresse déjà l’ukrainien Metinvest, le russe Severstal et l’indien Essar Global. Chinois et Brésiliens se sont aussi disputé l’an dernier un gros gisement au Gabon.

Dans les métaux précieux, le canadien Teck Cominco, un des leaders mondiaux du zinc, essaie actuellement de racheter son concurrent Aur Ressources (cuivres, or) et dans le platine, dont le cours atteint des sommets, le n°3 mondial, le Sud-Africain Lonmin, serait convoité par le géant minier suisse Xstrata pour 14,6 milliards de dollars.

Le nickel, dont le cours flambe, fait lui aussi l’objet de surenchères.

Ainsi le même Xstrata, qui avait avalé le producteur de cuivre et nickel Falconbridge en 2006, vient de perdre la bataille pour le géant canadien du nickel LionOre, remportée fin juin par le russe Norilsk.

Dans le cuivre, l’Allemand Norddeutsche Affinerie essaie de racheter le Belge Cumerio, créant un géant européen. Et fin 2006, le rachat par l’Américain Freeport-McMoRan de son compatriote Phelps Dodge a créé un leader mondial.

Les fusions-acquisitions dans la métallurgie ont atteint 77 milliards de dollars, trois fois plus qu’en 2005, selon PriceWaterhouseCoopers.

Les métaux font désormais faire fortune. Ainsi selon Forbes, le deuxième homme le plus riche de Russie est le magnat de l’aluminium Oleg Deripaska, 39 ans, patron de Rusal, né de la fusion en mars des russes Rusal et Sual et du suisse Glencore. Le troisième Russe le plus riche est encore un roi du métal, Vladimir Lissine, 51 ans, premier actionnaire du Combinat métallurgique de Novolipetsk.

Ce meccano métallique s’explique largement par la flambée des cours des métaux, indispensables au développement de la Chine et de l’Inde.

Même la pègre en profite: les vols de métaux ont augmenté de 144% l’an dernier en France.

 12/07/2007 06:31:14 – © 2007 AFP