La Banque du Japon laisse les taux inchangés mais un dissident surgit

 
 
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Le gouverneur de la Banque du Japon Toshihiko Fului le 12 juillet 2007 à Tokyo (Photo : Kazuhiro Nogi)

[12/07/2007 09:00:39] TOKYO (AFP) Le comité de politique monétaire de la Banque du Japon (BoJ) a décidé jeudi de laisser inchangé à 0,50% son principal taux directeur mais, fait rare, un des neuf conseillers s’est opposé à cette décision lors du vote, a annoncé l’institut d’émission.

“La Banque du Japon fera en sorte que le taux d’intérêt au jour le jour reste aux alentours de 0,5%”, a indiqué la BoJ dans un bref communiqué.

Aucun mouvement de taux n’était attendu par les marchés. C’est toutefois la première fois depuis février que le vote du comité n’est pas unanime.

La banque centrale a précisé que le conseiller qui a voté contre le maintien du statu quo est Atsushi Mizuno, cadet (47 ans) du comité de politique monétaire et “faucon” toujours impatient de relever les taux.

Début 2005, M. Mizuno avait ainsi été le premier à réclamer l’abandon de la politique monétaire ultra-accomodante, dite d'”assouplissement quantitatif”, plus d’un an avant de rallier les autres conseillers à sa cause.

Le gouverneur de la BoJ, Toshihiko Fukui, a indiqué après la réunion de jeudi que M. Mizuno avait proposé une hausse d’un quart de point du taux directeur à 0,75%, mais que ses huit collègues s’y étaient opposés.

M. Mizuno était “confiant dans les perspectives économiques”, a rapporté le gouverneur au cours d’une conférence de presse.

Les autres membres “pensent qu’il est hautement probable que l’économie continuera à croître à l’avenir”, mais “ils veulent attendre d’être plus sûrs que cette probabilité se réalisera”, a ajouté le gouverneur.

La quasi totalité des économistes s’attendaient au maintien du statu quo monétaire, alors que la déflation persiste au Japon: les prix à la consommation ont encore baissé de 0,1% en mai, leur quatrième mois de repli consécutif.

De plus, l’horizon politique dans l’Archipel est incertain à l’approche des élections sénatoriales du 29 juillet au cours desquelles le Premier ministre Shinzo Abe, englué dans les scandales, joue sa survie politique. L’attention du marché était plutôt focalisée sur le nombre de conseillers qui voteraient éventuellement contre le statu quo.

Certains économistes pronostiquaient jusqu’à trois dissidents, ce qui aurait très clairement laissé entendre qu’un resserrement monétaire s’annonçait pour le mois d’août, tandis que d’autres prédisaient un vote à l’unanimité, ce qui aurait probablement signifié que la banque était encline à l’immobilisme pendant encore plusieurs mois.

“Malheureusement, le vote à huit contre un constitue l’indication la plus floue quant au calendrier du prochain resserrement”, s’est plaint Richard Jerram, économiste chez Macquarie Securities à Tokyo.

“Mizuno est considéré comme le membre le plus radical et ce n’est pas une surprise de le voir dans la minorité”, a-t-il expliqué, estimant que le vote de jeudi “pourrait repousser un petit peu les attentes de hausses des taux”, aucun autre conseiller ne s’étant rallié cette fois-ci au jeune “faucon”.

Le loyer de l’argent avait été porté à son niveau actuel le 21 février après un relèvement d’un quart de point. Il reste le plus bas du monde industrialisé, ce qui favorise la fuite des capitaux japonais vers les pays où les taux sont plus élevés, et entraîne par conséquent une dépréciation continue du yen.

Maintenir des taux trop bas pendant trop longtemps “pourrait causer de brusques mouvements dans l’économie et perturber la distribution des ressources”, a encore averti jeudi M. Fukui.

La prochaine décision de politique monétaire aura lieu le 23 août.

 12/07/2007 09:00:39 – © 2007 AFP