[12/07/2007 15:42:50] PARIS (AFP) Malgré l’hostilité ou l’indifférence de ses partenaires, la France continue à militer en faveur d’un contrepoids face à la Banque centrale européenne (BCE), responsable à ses yeux de l’envolée de l’euro, espérant en retirer des bénéfices sur le terrain intérieur. Nicolas Sarkozy a fait des critiques contre la BCE l’un de ses chevaux de bataille, jugeant que sa politique se focalise sur l’inflation au détriment de la croissance. Dans sa lettre de mission à la ministre de l’Economie Christine Lagarde mercredi, il lui demande de tenter de “parvenir à un gouvernement économique (…) de la zone euro”, en renforçant l’action de l’Eurogroupe, qui rassemble les ministres des finances de la zone. Pour Eric Heyer, directeur adjoint de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), en suggérant que “tous les problèmes viennent de la BCE, (qu’il se) bat pour que ça aille mieux mais que personne n’écoute”, le président français vise notamment le public hexagonal souvent sensible à ce type d’argumentation. Mais pour lui, il “ne faut pas mettre tous nos problèmes sur le dos des instances européennes”. D’autant plus que la France est très isolée. Le président de l’Eurogroupe et Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker a affirmé mercredi que le niveau de l’euro, qui a atteint un nouveau record à près de 1,38 dollar jeudi, ne mettait “pas en danger la croissance”. “Je ne pense pas qu’aujourd’hui nous ayons un problème de taux de change en Europe”, a renchéri le ministre portugais des Finances, Fernando Teixeira dos Santos. “Si nous souhaitons gagner la bataille de la compétitivité, ce n’est pas en ayant une dévaluation artificielle de nos devises”, a-t-il insisté. L’Allemagne, fervente avocate de l’institut monétaire, a été encore plus catégorique: “l’indépendance de la Banque centrale européenne est un point crucial”, a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel mercredi, ajoutant qu’elle n’était pas favorable à une politique de baisse de l’euro. Le président de la BCE Jean-Claude Trichet a lui répété mercredi qu’il protégerait l’indépendance de la Banque “avec la plus grande fermeté”, invitant chacun à parler de manière “responsable” sur les changes. “Il n’y aura pas de tentative politique d’influencer la BCE”, juge Pierre Defreigne, directeur des questions européennes de l’Ifri (Institut français des relations internationales). Pour lui, l’attitude française devient dans ce contexte “tournée exclusivement vers les affaires internes”. Le patronat français soutient en tout cas le président français: “nous pensons qu’il est légitime que l’Eurogroupe crée une dialectique avec la BCE pour discuter (…) des parités des monnaies. Après tout, le président américain George Bush pose la question de la parité du yuan de temps en temps”, remarque Jérome Bédier, du Medef. Mais c’est, rétorque Pierre Defreigne, “une méthode de pensée peu convaincante quand le grand pays exportateur de la zone euro, l’Allemagne, considère que” le niveau de l’euro n’est pas un problème. Pour Eric Heyer, Nicolas Sarkozy a raison d’essayer de convaincre ses partenaires, “même s’il y a très peu de chances que cela aboutisse”. |
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