Rio Tinto remporte la bataille pour Alcan contre Alcoa

 
 
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Logo du groupe minier anglo-australien Rio Tinto (Photo : William West)

[12/07/2007 21:32:34] LONDRES (AFP) Le groupe anglo-australien Rio Tinto a lancé jeudi la plus grosse OPA de l’histoire des métaux et de l’industrie minière, en offrant 38,1 milliards de dollars pour le producteur d’aluminium canadien Alcan, enchérissant sur une offre de l’américain Alcoa qui a lâché prise.

Alcan, qui avait racheté son concurrent français Pechiney en 2003, a accepté cette offre de 101 dollars par action en numéraire, supérieure de 33% à celle d’Alcoa, laquelle valorisait Alcan à 28,8 milliards de dollars, hors dette, et combinait argent et actions.

“L’argent est roi en ce moment, personne ne veut de titres”, a expliqué jeudi le directeur financier de Rio Tinto, Guy Elliott, lors d’une conférence de presse.

L’annonce a propulsé le titre d’Alcan qui a clôturé en hausse de près de 10% à New York à 98,45 USD, les marchés jugeant peu probable une surenchère sur le joyau du secteur minier canadien.

Alcoa s’est rendu à l’évidence et a retiré en fin de journée jeudi son offre hostile, estimant “qu’à ce prix” il avait “d’autres options tout aussi intéressantes” pour apporter de la “valeur supplémentaire” à ses actionnaires.

Alcan devra payer 1,05 milliard de dollars d’indemnité à Rio Tinto s’il lui fait défaut, ce qui a de quoi décourager une surenchère.

La fusion des deux groupes donnerait naissance au numéro un mondial de l’aluminium, avec une production de 4,3 millions de tonnes par an, contre 4 millions pour le groupe russe Rusal, leader actuel du secteur, et 3,6 millions pour Alcoa.

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Le logo d’Alcan (Photo : Joël Saget)

La production mondiale d’aluminium primaire, utilisé par exemple pour fabriquer des canettes ou construire des avions, a été de 23,8 millions de tonnes en 2006, en hausse de 28% par rapport à 1996. Elle a plus que doublé depuis 30 ans selon l’Institut international de l’aluminium, basé à Londres, alors que la demande a fortement augmenté récemment.

Celle-ci est tirée principalement par les pays émergents comme la Chine, l’Inde, la Russie et le Brésil, dont l’appétit dope depuis trois ans le cours des métaux de base industriels.

“Tout tourne autour de la Chine”, a souligné le directeur général de Rio Tinto, Tom Albanese, lors de la conférence de presse. “Les trois métaux que vous pouvez associer actuellement à la croissance économique du pays sont l’acier, le cuivre et l’aluminium”, a-t-il ajouté.

Or, si le groupe anglo-australien, fondé il y a 134 ans, est déjà bien présent dans le minerai de fer, composant de l’acier, et le cuivre, il a du retard dans l’aluminium.

“C’est l’occasion pour Rio Tinto de renforcer sa position dans le secteur et de mettre un frein à l’expansion de ses concurrents BHP Billiton et Alcoa”, a estimé Gavin Wendt, analyste de Fat Prophets.

Selon la presse, BHP Billiton discuterait de son côté avec le fonds d’investissement américain Blackstone en vue de lancer une OPA sur Alcoa.

La direction de Rio Tinto compte économiser 600 millions de dollars par an en combinant ses activités à celles d’Alcan, ce qui a de quoi inquiéter en termes d’emplois. Le groupe canadien, qui a racheté en 2000 le suisse Alusuisse et, avant Pechiney en 2003, emploie 68.000 personnes dans le monde. Rio Tinto compte, lui, 36.000 salariés.

 12/07/2007 21:32:34 – © 2007 AFP