Brésil : les réserves internationales frôlent le record de 150 milliards USD

 
 
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Le ministre des Finances, Guido Mantega (G) et le président de la Banque Centrale du Brésil, le 26 juin 2007 (Photo : Evaristo Sa)

[13/07/2007 06:54:21] SAO PAULO (AFP) La Banque Centrale du Brésil a augmenté de 75% depuis le début de l’année ses réserves internationales, qui frôlent le niveau record de 150 milliards de dollars, sans parvenir à endiguer la hausse du real face au dollar.

“La banque centrale va continuer à acheter des réserves sur le marché: elles peuvent atteindre 170 à 180 milliards de dollars d’ici la fin de l’année”, a indiqué jeudi Alex Agostini, économiste en chef du consultant Austin Ratings.

Ces achats “visent non seulement à renforcer la capacité de remboursement du Brésil en devises, mais aussi à éviter une appréciation plus accentuée du real qui gênerait davantage les exportations”, explique M. Agostini.

Vendredi dernier la monnaie brésilienne a cassé la barre des 1,90 reals pour un dollar et n’est pas repassée au-dessus depuis. Jeudi la monnaie brésilienne a encore gagné 0,91%, le dollar clôturant à 1,874 reals.

Les réserves de la banque dépassent déjà le montant de la dette extérieure publique et privée à moyen et long terme qui s’élevait à 145,3 milliards fin mai, la dette extérieure atteignant 184,32 milliards au total.

“Cela nous donne une marge pour rembourser toute la dette extérieure. De débiteurs, nous devenons créanciers”, a dit jeudi le ministre des Finances, Guido Mantega.

Pour Alex Agostini “les avantages (de cette stratégie) l’emportent sur les inconvénients”.

“Le gouvernement améliore son niveau de solvabilité, sa capacité de remboursement en devises augmente, la perception du risque par les investisseurs étrangers recule et la volatilité diminue sur le marché intérieur”, souligne-t-il.

Mais en achetant des dollars, la banque centrale les échange contre des réals et augmente la masse de monnaie en circulation.

Pour neutraliser les risques inflationnistes provoqués par cet afflux de liquidités, la banque retire ces reals du marché en émettant des titres publics indexés sur son taux de base, aujourd’hui de 12%.

Cette stratégie coûte cher à la banque et certains se demandent si ces ressources ne seraient pas mieux utilisées, pour améliorer les infrastructures d’assainissement par exemple, reconnaît Alex Agostini.

En outre l’achat de dollars n’a qu’un “tout petit” effet de frein sur l’envolée du real, souligne-t-il. Depuis le début de l’année, la monnaie brésilienne s’est appréciée de 14,03% sur le billet vert, et l’appréciation atteint 88,53% depuis l’arrivée au pouvoir du président Lula en janvier 2003.

“Le marché est plus fort que la banque centrale”, relève Alex Agostini. Les craintes de récession aux Etats-Unis ou de crise structurelle en Chine se dissipant, “la confiance des investisseurs dans les économies émergentes augmente”.

La hausse du real est alimentée par une avalanche de dollars au Brésil. Au premier semestre, les exportations ont augmenté de 19,9% à 73,215 milliards de dollars et l’excédent commercial a dépassé les 20 milliards.

L’investissement étranger direct s’élevait à 10,55 milliards de dollars fin mai, en hausse de plus de 67% sur l’an dernier.

“Le volume des entrées de capitaux à court terme est très supérieur à celui des ressources à moyen et long terme, en raison des arbitrages du marché international qui profite des taux d’intérêt brésilien encore très élevés”, estime l’analyste.

Les investissements à court terme ont atteint 31,66 milliards de dollars sur la période janvier-mai contre 4 milliards sur la même période de 2006.

Selon la Confédération de l’industrie brésilienne (CNI) du fait de la hausse du réal, l’industrie nationale bénéficie peu de la hausse de la demande intérieure: au premier trimestre, la demande a augmenté de 5,8% et la production de 2,8%.

 13/07/2007 06:54:21 – © 2007 AFP