L’ex-magnat des médias Conrad Black reconnu coupable de fraudes

 
 
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L’ancien magnat déchu des médias Conrad Black et sa femme Barbara Amiel, au tribunal de Chicago, le 13 juillet 2007 (Photo : Jeff Haynes)

[13/07/2007 18:31:02] CHICAGO (AFP) Le magnat déchu des médias Conrad Black, accusé d’avoir détourné des millions de dollars, a été reconnu coupable vendredi de fraudes et d’obstruction à la justice par un jury américain, des chefs d’inculpation passibles de plusieurs années de prison.

Une sentence n’est pas attendue avant l’automne et Conrad Black pourrait d’ici là faire appel du verdict. Un procureur, Eric Sussman, a appelé le juge à envoyer l’ancien magnat en prison. “Même dans le meilleur des cas, M. Black est passible de 15 à 20 ans de prison”, a-t-il dit.

Conrad Black, 62 ans, et trois de ses associés étaient accusés d’avoir détourné un total de 60 millions de dollars à travers un montage financier frauduleux lors de la vente d’actifs de Hollinger au groupe de presse canadien Canwest en 2000.

A l’issue d’un peu plus de deux semaines de délibérations, l’ex-magnat a été reconnu coupable par un jury de Chicago (nord) de trois chefs d’inculpation relatifs à des fraudes par courrier, passibles chacun de cinq ans de prison, et d’un chef d’inculpation lié à l’obstruction faite à la justice pouvant lui valoir 20 ans de prison. Il a en revanche été jugé innocent de huit chefs d’inculpation concernant d’autres accusations de fraudes et un lié à un racket présumé.

Ses trois associés, Jack Boultbee, son ancien chef financier, et ses anciens conseillers juridiques, Peter Atkinson et Mark Kipnis, ont été reconnus coupables des mêmes fraudes par courrier mais innocentés des autres accusations.

Outre une peine de prison, l’ex-magnat, qui avait plaidé non coupable, pourrait devoir payer plusieurs milliers, voire des millions de dollars d’amende.

Dans ses belles années, ce fils de brasseur québécois, qui a renoncé à la citoyenneté canadienne pour siéger à la chambre des Lords britannique, était à la tête du troisième empire de presse au monde, incluant des titres comme le Daily Telegraph de Londres, le National Post au Canada, le Jerusalem Post et le Chicago Sun-Times.

Souvent présenté comme le “Citizen Kane” d’Orson Welles, Conrad Black avait clamé haut et fort son innocence, se disant victime de procureurs trop zélés et d’actionnaires déterminés à démonter pièce par pièce le groupe qu’il avait créé à partir de rien.

Au procès qui a débuté en mars, les jurés ont cependant pu entendre son ex-bras droit, David Radler, qui a plaidé coupable et accepté de témoigner pour l’accusation au procès en échange d’une peine limitée à 2 ans et 3 mois de prison.

Il a accusé son ancien associé d’être directement responsable du détournement de millions de dollars des coffres de Hollinger International au profit de certains dirigeants de l’entreprise, grâce à un stratagème permettant d’empocher de coquettes sommes d’argent en frais de non-concurrence lors de la vente d’actifs de Hollinger à Canwest.

Selon l’accusation, cet argent aurait dû revenir non à M. Black et ses co-accusés mais aux actionnaires de Hollinger International, rebaptisé depuis Sun-Times Media Group.

Les jurés ont aussi pu visionner une cassette vidéo montrant M. Black chargeant 13 cartons de documents dans sa voiture, après que la Commission des opérations de Bourse (SEC) lui eut notifié qu’une enquête avait été ouverte sur des transactions.

“Ils ont laissé leur devoir de gestion au vestiaire”, avait accusé la procureur Julie Ruder dans son réquisitoire contre les quatre prévenus, ajoutant: “Leur devoir était centré sur eux-mêmes, leur loyauté était restreinte à eux-mêmes et ils ont tenté de couvrir leur histoire avec des faux”.

“Il n’y a aucune preuve montrant que Conrad Black pensait que ces contrats n’étaient pas en règle”, avait rétorqué l’avocat de M. Black, Edward Greenspan.

 13/07/2007 18:31:02 – © 2007 AFP