Angela Merkel inquiète face aux positions françaises sur l’économie

 
 
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Le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel, le 21 juin 2007 au sommet européen de Bruxelles (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[14/07/2007 16:12:49] BERLIN (AFP) La chancelière allemande Angela Merkel, à la veille d’un sommet franco-allemand, s’inquiète des positions défendues par la France, notamment en matière de politique industrielle, selon l’édition du magazine économique Wirtschaftswoche à paraître lundi.

Cette question a été évoquée lundi dernier lors d’une réunion entre Angela Merkel, le président du Conseil économique de son parti, l’Union chrétienne-démocrate (CDU), Kurt Lauk, et des hauts-responsables de l’industrie et de l’économie allemande, dont Thomas Enders, co-président allemand du groupe européen d’aéronautique et de défense EADS, Matthias Wissmann, président de la Confédération de l’industrie automobile, et Siegfried Jaschinski, dirigeant de la banque publique régionale du Bade-Wurtemberg.

Un porte-parole de la chancellerie a confirmé samedi à l’AFP qu’une telle réunion avait eu lieu, se refusant toutefois à fournir des détails.

Selon l’hebdomadaire Wirtschaftswoche, la chancellerie allemande, le ministère des Finances et celui de l’Economie sont tous trois critiques des positions françaises, estimant que le président Nicolas Sarkozy et son gouvernement cherchent à affaiblir les efforts de l’Union européenne pour favoriser la concurrence.

Au sommet de l’UE à Bruxelles sur le traité institutionnel, Nicolas Sarkozy avait obtenu l’affadissement du paragraphe consacré à “la libre concurrence” et notamment la disparition de l’expression “concurrence libre et non-faussée” comme objectif de la poltique industrielle et commerciale de l’UE.

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy doivent se retrouver lundi à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, pour discuter notamment de la stratégie et de la direction future du groupe européen EADS, maison-mère d’Airbus.

Berlin est également agacé par la volonté du chef de l’Etat français de se mêler de la politique monétaire européenne, au mépris de l’indépendance de la Banque centrale européenne (BCE), afin de faire baisser un euro qu’il juge “trop fort”.

La France, d’après Wirtschaftswoche, voudrait obtenir de la BCE une plus grande flexibilité en matière de politique monétaire et chercherait à contourner ses obligations communautaires en matière de réformes budgétaires.

“Nous devons nous assurer qu’il y a réciprocité dans nos relations avec la France et devons réagir de la même façon”, a estimé Kurt Lauk, cité par le magazine. L’Allemagne, contrairement à la France, “ne doit pas rendre hommage au mercantilisme ou au protectionnisme étatique”, a-t-il ajouté.

Selon M. Lauk, “quand en Allemagne, l’Etat, avec raison, s’occupe moins de politique industrielle, ce n’est pas pour qu’un autre Etat s’engouffre dans la brèche”.

Le dirigeant de l’institut de conjoncture allemand le plus influent, Hans-Werner Sinn, avait également fustigé vendredi dernier l’interventionnisme français, affirmant qu’il fallait y “mettre des limites”. La France “mène depuis toujours une politique interventionniste en faveur de ses entreprises” et “au détriment d’autres pays”, avait affirmé le responsable de l’institut Ifo au magazine spécialisé VDI Nachrichten, publication de la Fédération allemande des ingénieurs.

“Nous avons besoin de règles de l’Union européenne qui mettent des limites, qui signalent qu’on ne doit pas intervenir mais laisser faire le marché”, avait souligné M. Sinn.

 14/07/2007 16:12:49 – © 2007 AFP