Mort d’Hughes de Lasteyrie, actionnaire à l’origine de “l’affaire Rhodia”

 
 
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Hughes de Lasteyrie à Paris, le 11 avril 2005 (Photo : François Guillot)

[14/07/2007 21:38:24] PARIS (AFP) Hughes de Lasteyrie, actionnaire minoritaire de Rhodia à l’origine d’enquêtes judiciaires sur les comptes du groupe chimique et les agissements de certains ex-dirigeants, est mort d’un infarctus vendredi à Paris, a annoncé son entourage samedi.

M. de Lasteyrie, âgé de 58 ans, était le principal plaignant dans “l’affaire Rhodia”, avec le banquier Edouard Stern, tué en mars 2005 à Genève, un meurtre avoué par sa maîtresse.

En 2004, cet homme d’affaires actionnaire de Rhodia avait porté plainte pour “présentation de comptes inexacts, diffusion d’informations fausses et mensongères”, accusant certains anciens administrateurs et dirigeants du groupe, en particulier l’ex-PDG Jean-Pierre Tirouflet, d’avoir dissimulé le niveau d’endettement de Rhodia et conduit à la ruine nombre de petits actionnaires.

Le titre Rhodia qui valait 10 euros en 2001 avait stagné en 2004 à moins d’un euro après la révéléation d’un endettement colossal.

Le groupe n’est sorti du rouge qu’en 2006 grâce à ses efforts de désendettement et de redressement. L’action est remontée à 3 euros au printemps avant que Rhodia ne décide de regrouper ses actions à raison d’1 pour 12.

“La brutale disparition de M. de Lasteyrie n’est pas de nature à interrompre les procédures engagées par la société Valauret, qu’il dirigeait”, a précisé son entourage dans un communiqué. Sa famille “a pris toutes les dispositions pour que la justice soit en mesure de donner la suite qui convient à toutes ces procédures”, a-t-on souligné de même source.

Outre sa plainte pour “comptes inexacts”, M. de Lasteyrie contestait l’enquête menée par l’Autorité des marchés financiers (AMF), contre laquelle il avait aussi déposé plainte: il l’accusait d’avoir réécrit son rapport sur l’affaire, en ne mentionnant plus certains faits.

L’AMF a porté plainte contre M. de Lasteyrie pour dénonciation calomnieuse.

Autre ramification du dossier, une enquête préliminaire ouverte récemment par le parquet de Paris sur des achats et des ventes suspects de titres par Jean-Pierre Tirouflet, lorsqu’il était directeur financier de Rhône-Poulenc entre 1988 et 1990.

La veille de sa mort, M. de Lasteyrie “était encore entendu pendant plusieurs heures par la police judiciaire, pour faire le point sur ces affaires”, et notamment sur cette dernière ramification, selon le communiqué.

L’ensemble de l’enquête, qui s’intéresse aussi aux agissements de l’ancien actionnaire principal de Rhodia, Rhône-Poulenc, a été confiée aux juges Henri Pons et Jean-Marie d’Huy.

Dans ce dossier tentaculaire, de premières sanctions sont tombées en juin: l’AMF a infligé 750.000 euros d’amende à Rhodia et 500.000 euros à Jean-Pierre Tirouflet pour communication financière “inexacte, imprécise et trompeuse” entre 2001 et 2003.

Rhodia était né en 1998 de la séparation des activités chimie et pharmacie du français Rhône-Poulenc lors de sa fusion avec l’allemand Hoechst. Le pôle pharmacie deviendra Aventis (fusionné en 2004 avec Sanofi).

 14/07/2007 21:38:24 – © 2007 AFP