[16/07/2007 15:17:37] BRUXELLES (AFP) Les ministres de l’Agriculture des 27 sont apparus divisés lundi lors des premières discussions sur la réforme du secteur vinicole proposée par la Commission européenne, même si tous s’accordent sur la nécessité d’une nouvelle donne, selon une source diplomatique. La France et l’Allemagne, 1er et 4e producteurs de vin de l’UE, sont les plus critiques, tandis que l’Italie et l’Espagne, 2e et 3e producteurs, se montrent “assez ouverts”, selon cette source. Le ministre portugais Jaime Silva, qui préside la réunion, avait prévenu à son arrivée à Bruxelles que les discussions seraient “difficiles” en raison des nombreuses “divergences”. Paris et Berlin avaient averti vendredi qu’ils feraient front commun contre “les mauvaises propositions”. C’est la première fois que les 27 débattent du projet de réforme de “l’organisation commune de marché” du vin, qui régit les subventions et les modes de production dans l’UE. Jaime Silva espère “un compromis d’ici la fin de l’année, au moins sur les grandes lignes politiques”, pour que la réforme entre en vigueur pour la campagne 2008/09, comme le souhaite Bruxelles. La Commission veut réformer de fond en comble le système, pour mettre fin au gaspillage des subventions et reprendre l’offensive face à la concurrence acharnée des vins du “Nouveau Monde” (Californie, Australie, Amérique du Sud…). L’UE reste de loin le premier producteur et exportateur mondial de vin, mais perd des parts de marché depuis 20 ans. Bruxelles veut faire évoluer le modèle viticole européen, majoritairement artisanal, vers un modèle plus industriel et plus compétitif. Le nouveau ministre français de l’Agriculture, Michel Barnier, a pris position lors du tour de table contre trois des principaux points de la réforme: l’arrachage de vignes, la fin de la distillation de crise et la libéralisation des droits de plantation, selon la source diplomatique. “La remise en cause des droits de plantation conduirait à faire perdre aux vins européens leur identité et leurs racines”, avait-il déclaré à son arrivée. La Commission propose d’autoriser les viticulteurs à planter librement des vignes à partir de 2014 pour répondre aux signaux du marché, alors qu’actuellement les droits sont strictement limités pour éviter des surproductions. Les organisations professionnelles des viticulteurs produisant des vins de qualité s’opposent aussi à cette libéralisation, dont elles ont fait leur principal cheval de bataille. L’Allemagne s’est opposée elle à l’interdiction de la chaptalisation (l’ajout de sucre dans le vin pour augmenter le degré d’alcool), une pratique indispensable à ses viticulteurs en raison de son climat septentrional. L’Italie et l’Espagne ont demandé des périodes de transition afin d’éliminer les subventions pour la distillation et les moûts de vin, selon la source diplomatique. Bruxelles veut cesser tout de suite de subventionner la distillation des vins de mauvaise qualité qui ne se vendent pas, ce qui permettrait d’économiser 500 millions d’euros par an. Les aides à l’utilisation de moûts de vin coûtent elles 200 millions d’euros par an. L’ensemble des Etats membres ont toutefois accueilli favorablement la distribution d'”enveloppes nationales” qui leur donneraient plus de liberté pour gérer les subventions aux viticulteurs. Ces enveloppes représenteraient un peu plus de la moitié du budget vin communautaire, qui se monte à 1,3 milliard d’euros par an. Le projet de réforme offre enfin d’importantes primes aux viticulteurs les moins compétitifs pour arracher leurs vignes (jusqu’à 200.000 hectares dans l’UE), afin de diminuer la surproduction. Ils recevraient jusqu’à 1,2 milliard d’euros sur 5 ans. Les Etats membres demandent des garde-fous, pour éviter des destructions abusives dans les régions fragiles. |
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