[16/07/2007 14:40:49] VIENNE (AFP) Le procès du pire scandale politico-financier d’Autriche a commencé lundi pour neuf personnes accusées d’avoir ruiné la Bawag, l’ancienne banque des syndicats autrichiens, vendue depuis à un fonds spéculatif américain. “C’est l’histoire d’affaires clandestines désastreuses, menées par une petite clique” et dont “les spéculations interdites” ont conduit à des pertes de 1,4 milliard d’euros, a lancé le procureur Georg Krakow dans son réquisitoire. Comparant l’affaire à la roulette au casino, il a reproché notamment des prises de risques excessives et sans l’accord du conseil de surveillance de la banque, aux neuf accusés qui plaident non coupables. Dans l’après-midi, la présidente de la Cour d’assises Claudia Bandion-Ortner a ajourné l’audience au lendemain en raison de la forte chaleur (36° à Vienne), le tribunal n’ayant pas la climatisation. Le procès doit durer jusqu’à fin octobre. Jugés en particulier pour abus de confiance, les accusés, d’anciens dirigeants et syndicalistes, risquent jusqu’à dix ans de prison. Deux d’entre eux sont scrutés par les médias: Helmut Elsner, l’ancien PDG de 72 ans passionné de golf, souvent dépeint comme arrogant et autoritaire, et l’investisseur et collectionneur d’art new-yorkais Wolfgang Flöttl, 51 ans. Helmut Elsner, également soupçonné d’avoir falsifié les bilans, a reconnu à l’audience une fortune personnelle de 2,5 millions d’euros, plus une villa de 1,3 million d’euros à Mougins (sud de la France). Arrêté en septembre 2006 à Mougins, il avait été extradé en février dernier vers l’Autriche après avoir joué au chat et à la souris avec la justice. Il a ensuite été opéré du coeur en prison. Son avocat, Wolfgang Schubert a dénoncé une “chasse à l’homme” de certains journaux contre lui – ce qu’avait d’ailleurs aussi noté le procureur. Il a affirmé que son client avait choisi “de régler discrètement” les problèmes de la banque, sans s’enrichir. Fils de l’ex-grand patron de la Bawag, Wolfgang Flöttl avait dû placer en gage sur les actifs de la banque son incroyable collection de tableaux (de Monet et Manet à Van Gogh à Picasso) suite à des investissements spéculatifs catastrophiques aux Caraïbes dans les années 1990. Domicilié à Park Avenue, à New York, il a chiffré le reste de sa fortune à environ deux millions de dollars (1,45 millions d’euros). Il réclame lui-même 120 millions d’euros à la Bawag dans un des nombreux procès annexes qui seront plaidés. La Bawag, détenue à 100% par la centrale syndicale ÖGB au moment des faits, avait frôlé la faillite au printemps 2006 et n’avait dû sa survie en mai 2006 qu’à une garantie de 900 millions d’euros et des liquidités accordées par le gouvernement conservateur d’alors. Sa vente au fonds d’investissement américain Cerberus pour 3,2 milliards d’euros en décembre dernier, devait permettre de lever cette garantie et d’éponger les 2,4 milliards d’euros de dettes. Malgré la grande proximité historique entre l’ÖGB et le parti social-démocrate SPÖ, le scandale aura finalement eu moins de retombées politiques que prévu. En effet malgré la campagne de la droite au pouvoir, l’ÖVP, les sociaux-démocrates de l’actuel chancelier Alfred Gusenbauer parvinrent à remporter de justesse les élections d’octobre 2006. Ils cohabitent depuis difficilement avec les conservateurs au gouvernement. Parmi les 50 témoins attendus figurent l’ancien chef des syndicats Franz Verzetnitsch et l’ex-ministre conservateur des Finances Karl-Heinz Grasser. Le procès actuel ne porte toutefois pas sur une autre transaction douteuse de la Bawag: un prêt de 350 millions d’euros en 2005 au courtier américain Refco, qui a ensuite fait faillite. |
||
|