EADS s’offre une gouvernance simplifiée sous l’égide de Sarkozy et Merkel

 
 
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Thomas Enders (g) et Louis Gallois, le 16 juillet à Toulouse (Photo : Lionel Bonaventure)

[16/07/2007 19:36:52] TOULOUSE (AFP) Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, réunis lundi à Toulouse pour un sommet franco-allemand, ont trouvé un accord sur une gouvernance simplifiée du groupe européen EADS, plaçant Louis Gallois seul aux commandes et son homologue allemand Tom Enders à la tête d’Airbus.

La refonte du système de direction bicéphale franco-allemande d’EADS, accusé d’être responsable des déboires industriels de l’A380, a dominé la rencontre entre le président et la chancelière allemande, arrivés en fin de matinée chez Airbus à Toulouse pour rencontrer les actionnaires et les salariés d’Airbus, avant un sommet informel.

Le coprésident exécutif allemand du groupe d’aéronautique et de défense, Tom Enders, leur a grillé la politesse en révélant la teneur de l’accord finalement trouvé la veille entre Paris et Berlin.

M. Enders prendra la tête d’Airbus, en remplacement du Français Louis Gallois, qui assumera seul la présidence exécutive d’EADS, maison mère de l’avionneur.

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La nouvelle direction d’EADS

Rüdiger Grube, qui partageait avec Arnaud Lagardère la présidence du conseil d’administration du groupe, restera seul à ce poste. Arnaud Lagardère lui succèdera dans quatre ans et restera dans l’intervalle le représentant de l’actionnnariat français au sein du conseil.

Ces mesures prendront effet fin 2007. Elles ont été saluées à la Bourse de Paris où l’action EADS a pris 0,58% à 24,12 euros.

Une alternance des nationalités proposée par Paris et Berlin pour respecter l’équilibre franco-allemand dans le groupe, détenu d’un côté par DaimlerChrysler (15%) et un consortium d’investisseurs allemands (7,5%), et Lagardère (15% en passe de descendre à 7,5%) associé à l’Etat français (15%).

Nicolas Sarkozy, qui avait érigé la normalisation d’EADS au rang de “priorité”, s’est félicité de cette nouvelle organisation.

“On s’est tous mis d’accord pour doter l’entreprise d’une structure de direction normale, monocéphale: un responsable à chaque étage”, a-t-il lancé. “Airbus et EADS doivent être dirigées comme des entreprises et non pas comme des organisations internationales”.

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Le président Nicolas Sarkozy (d) et la chancelière allemande Angela Merkel lors d’une conférence de presse à Airbus, le 16 juillet 2007 à Toulouse (Photo : Patrick Kovarik)

Angela Merkel a elle estimé que l’accord aboutissait à “un organigramme efficace, équilibré”. “Les Allemands sont très contents”, a-t-elle dit.

Un autre scénario envisagé aurait vu Tom Enders garder la présidence d’EADS et M. Gallois celle d’Airbus. Mais le Français refusait cette tutelle.

“C’est une très bonne journée pour EADS”, a déclaré M. Gallois. “L’équilibre franco-allemand a été bien assuré”.

Selon lui, l’arrivée prochaine de quatre administrateurs indépendants et la présence d’un seul président exécutif au CA devraient permettre d’éviter les blocages franco-allemands. “Les décisions seront prises plus souvent à la majorité simple”, a-t-il assuré.

Cette nouvelle donne n’a pas convaincu les syndicats d’Airbus, confrontés au plan de restructuration Power8 prévoyant 10.000 suppressions d’emplois en 4 ans et des cessions de sites pour réaliser 5 milliards d’euros d’économie d’ici à 2010.

“Beaucoup de bruit pour rien”, résumait le coprésident du comité européen d’Airbus Jean-François Knepper (Force ouvrière). “On prend les mêmes et on recommence sans avoir rien réglé”.

Le syndicat CFTC d’Airbus s’est quant à lui inquiété du poids grandissant de l’Allemagne dans les instances dirigeantes.

La Parti socialiste a lui aussi dénoncé une réforme qui se fait “au détriment de la France et de ses intérêts”.

D’autre part, la question de la réforme du pacte d’actionnaires d’EADS, voulue par M. Sarkozy, ainsi qu’une éventuelle augmentation de capital pour dégager de l’argent frais, restent en suspens.

Alors que le président s’était attiré récemment les foudres allemandes en critiquant à plusieurs reprises la politique de l’euro fort, il a joué l’apaisement en affirmant que le problème n’était “pas la valeur de l’euro” mais celle “des autres monnaies”, et s’est défendu de remettre en cause l’indépendance de la Banque centrale européenne (BCE).

“Nous sommes d’accord tous les deux sur le fait que la BCE est indépendante, c’est très important”, a insisté Mme Merkel.

 16/07/2007 19:36:52 – © 2007 AFP