EADS, fort d’un organigramme simplifié, doit encore tranformer l’essai

 
 
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Thomas Enders (g) et Louis Gallois, le 16 juillet à Toulouse (Photo : Lionel Bonaventure)

[17/07/2007 13:33:27] PARIS (AFP) Les dirigeants d’EADS et d’Airbus doivent désormais prouver que la simplification de la structure du groupe européen les aidera à apaiser les tensions franco-allemandes et à résoudre les difficultés de sa filiale vedette Airbus, en pleine restructuration.

En abandonnant sa complexe structure de direction bicéphale, rendue responsable des déboires d’Airbus et d’incessantes frictions au sein du management d’EADS, le géant européen s’enlève une grosse épine du pied.

Chez EADS, comme dans les milieux politiques et financiers, on s’accorde à penser que cet organigramme simplifié, plaçant le Français Louis Gallois seul aux commandes d’EADS et son homologue allemand Tom Enders à la tête d’Airbus, devrait permettre d’accélérer les prises de décision au sein du groupe.

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La nouvelle direction d’EADS

Mais l’un des grands défis reste à venir: mener à bien le plan de restructuration Power8 d’Airbus, décidé en réaction aux retards de l’A380 et à la faiblesse du dollar face à l’euro, qui pénalise la compétitivité de l’avionneur européen.

Cession de sites indutriels, suppression de 10.000 emplois en 4 ans, recours accru à la sous-traitance… Cette tâche incombera à Tom Enders à partir de la fin de l’année, date d’entrée en vigueur du nouvel organigramme.

Comme il le résumait lui-même lundi, “l’avenir opérationnel de tout le groupe va se jouer chez Airbus”, qui représente 60% des revenus d’EADS et dont les pertes l’an dernier ont durement plombé les comptes de la maison mère.

Une préoccupation partagée par les syndicats, qui restent dans l’expectative après ce nouveau changement de patron, le cinquième en deux ans. “La priorité est de savoir maintenant ce que nos dirigeants comptent faire”, souligne Jean-François Knepper, de Force Ouvrière, syndicat majoritaire à Airbus France.

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Le président Nicolas Sarkozy (d) et la chancelière allemande Angela Merkel lors d’une conférence de presse à Airbus, le 16 juillet 2007 à Toulouse (Photo : Patrick Kovarik)

Mais alors que Louis Gallois jouissait d’une grande expérience en matière d’aéronautique civile et de dialogue social, l’ancien parachutiste de la Bundeswehr, surnommé “major Tom”, est avant tout un spécialiste de la défense, fortement opposé à toute intervention étatique.

M. Gallois a néanmoins prévenu qu’il comptait bien suivre de près le dossier Airbus et épauler M. Enders…Avec lequel il entretient des relations plutôt tendues.

Se qualifiant mardi sur Europe 1 “d’une certaine manière comme le patron de Tom Enders”, le Français a promis qu’il “l’aiderai(t)” sur le dossier Power8, “comme il m’a aidé vis-à-vis des syndicats allemands”.

Autre défi en suspens pour le futur patron d’Airbus, celui de passer outre les rivalités nationales.

En écho au Parti Socialiste français, le syndicat CFTC d’Airbus s’est inquiété lundi du poids grandissant de l’Allemagne dans les instances dirigeantes d’EADS et d’Airbus.

“La responsabilité de direction allemande chez Airbus a augmenté. Notre position est meilleure qu’avant” a estimé mardi le secrétaire d’Etat du ministère de l’Economie Peter Hintze.

Reste enfin à régler, au niveau d’EADS, la question centrale du pacte d’actionnaires, repoussée sine die lundi par le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemand Angela Merkel.

Le capital d’EADS est réparti entre actionnaires français et allemands, privés et publics, avec d’un côté l’Etat français (15%) et Lagardère (en train de passer de 15% à 7,5%), de l’autre DaimlerChrysler (15%) et un consortium d’investisseurs (7,5%) incluant des Länder allemands.

En vertu du pacte signé lors de la création du groupe, ce sont les deux groupes privés qui exercent le pouvoir. Or, tout en cédant une partie de leurs titres depuis un an, DaimlerChrysler et Lagardère ont jusqu’ici refusé de voir leurs prérogatives réduites ou d’accepter une augmentation de capital qui diluerait leur part.

Parallèlement, l’Allemagne, agacée par l’interventionnisme de Paris, aimerait voir l’Etat français réduire sa part.

 17/07/2007 13:33:27 – © 2007 AFP