Commerce mondiale : l’OMC tente un coup de poker pour ressusciter les négociations

 
 
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Le siège de l’OMC à Genève (Photo : Fabrice Coffrini)

[17/07/2007 17:02:09] GENEVE (AFP) L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a tenté mardi un coup de poker pour ressusciter les négociations sur la libéralisation du commerce mondial, avec un projet d’accord qui demande des efforts aux pays développés comme aux grands pays émergents.

Les négociations de Doha, lancées en 2001 dans la capitale du Qatar, étaient données pour mortes depuis l’échec de négociations à quatre (Brésil, Etats-Unis, Inde, UE) fin juin en Allemagne.

Ces négociations, qui auraient déjà dû être bouclées à la fin de 2004, achoppent sur la question des subventions agricoles des pays riches, accusées par les pays pauvres de saper le revenu de leurs agriculteurs. En échange de concessions dans ce domaine, les pays riches veulent pouvoir exporter davantage de produits industriels vers les pays émergents.

Pour tenter d’obtenir un compromis, l’OMC a publié mardi deux textes qui font le point des concessions mutuelles nécessaires dans ces deux domaines.

Il s’agit “d’une base juste et raisonnable pour parvenir à des accords ambitieux, équilibrés et axés sur le développement”, a observé le directeur général de l’OMC, Pascal Lamy, qui espère encore un compromis possible entre les 150 pays membres dans les mois qui viennent sur la base de ces deux projets.

S’attendant déjà à ce que “les pays membres ne seront pas entièrement satisfaits des textes”, M. Lamy a estimé que “ce qui sépare les membres aujourd’hui est moindre que ce qui les unit”.

“Un accord est encore possible, il reste à la portée des pays membres”, a assuré Donald Stephenson, auteur du projet sur le commerce des produits industriels. Il s’est dit prêt à le modifier afin de satisfaire l’ensemble des Etats.

Chaque ensemble régional doit apporter sa pierre à l’édifice.

Du côté des pays développés, les Etats-Unis sont invités à abaisser leurs subventions de 66% à 73%, ce qui limiterait l’enveloppe annuelle des agriculteurs américains entre 12,8 et 16,2 milliards de dollars, contre un plafond actuel de 19 milliards.

Washington s’est dit prêt en privé à descendre jusqu’à 17 milliards.

L’Union européenne devra de son côté réduire ses droits de douane agricoles de 52% à 53,5%, un ordre de grandeur que le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson s’est déjà déclaré prêt à accepter.

Dans une première réaction, Bruxelles a salué dans les textes de compromis “un pas en avant”, tout en évoquant sans plus de précisions “des points sur lesquels nous avons de grandes inquiétudes”.

Les Etats-Unis ont indiqué qu’ils analysaient les propositions de l’OMC et réagiraient ultérieurement.

Du côté des pays émergents, les Etats comme l’Inde et le Brésil qui souhaitent protéger des industries naissantes devront ramener leurs droits de douane dans une fourchette comprise entre 19% et 23%.

Ce chiffre est plus exigeant que ce que réclament New Delhi et Brasilia qui ont refusé le mois dernier de descendre en dessous de 30%, entraînant l’échec de la réunion à quatre avec Bruxelles et Washington.

Pour la Chine, qui estime avoir fait suffisamment d’efforts lors de son entrée à l’OMC fin 2001, l’institution internationale accorde aux nouveaux-venus un calendrier plus long pour ouvrir son marché aux produits industriels.

Les textes présentés ce mardi serviront de base pour des négociations à partir de la semaine prochaine. Après la pause du mois d’août, les discussions doivent reprendre début septembre afin de tenir un calendrier très serré.

L’OMC souhaite en effet boucler l’ensemble de la négociation, qui comprend aussi des sujets comme les services ou la pêche, avant la fin de l’année ou au tout début de l’an prochain. L’objectif est de conclure avant l’approche des élections présidentielles américaines de novembre 2008, qui risque de compliquer toute concession de la part de Washington.

 17/07/2007 17:02:09 – © 2007 AFP