Alitalia : le gouvernement en difficulté après l’échec de la privatisation

 
 
SGE.DBB29.180707185417.photo00.quicklook.default-245x163.jpg
Un bureau de la compagnie aérienne Alitalia, le 21 janvier 2006 à Rome (Photo : Giulio Napolitano)

[18/07/2007 18:54:34] MILAN (AFP) L’échec de la privatisation d’Alitalia obligeait mercredi le gouvernement italien à chercher dans l’urgence une solution de secours pour sauver sa compagnie en grandes difficultés financières et a relancé les spéculations sur un rapprochement avec Air France-KLM.

Le gouvernement a perdu mardi le dernier candidat sérieux au rachat de sa participation de 49,9% après le retrait de la candidature de la compagnie aérienne italienne Air One.

Le fonds Matlin Patterson Global Advisers (MPG) reste formellement en lice mais ses anciens alliés, le fonds TPG et la banque Mediobanca, ont rappelé qu’ils s’étaient retirés de la course et personne ne croit à une offre ferme de sa part d’ici lundi, date limite pour le dépôt des offres.

Sept mois après avoir lancé le processus de vente de ses 49,9% dans Alitalia, le gouvernement italien se trouve donc à la case départ mais sous la pression accrue des syndicats et de l’opposition.

“Un résultat scandaleux”, a affirmé Raffaele Bonanni, chef de la confédération syndicale CISL (catholique), tandis que Fabrizio Cicchitto, numéro 3 de Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, a dénoncé “la gestion démentielle” de la privatisation d’Alitalia par le gouvernement de Romano Prodi.

“Nous disposons encore d’un éventail de solutions”, a affirmé pour sa part le ministre des Transports, Alessandro Bianchi.

La possibilité de négociations directes avec les acheteurs potentiels semble être “une voie plus praticable” que la réouverture d’une procédure ouverte, a-t-il reconnu.

L’hypothèse d’une liquidation “est la dernière envisageable”, a-t-il ajouté.

Le titre Alitalia, après avoir fortement baissé à l’ouverture, réduisait ses pertes en milieu de journée (- 4,50% à 0,77 euro à 10H45 GMT), les investisseurs ne croyant pas à une faillite de la compagnie mais à la révision des conditions imposées aux acquéreurs possibles.

“Les incertitudes qui pesaient sur l’acquéreur étaient trop nombreuses”, a dit Corrado Passera, l’administrateur délégué de la banque Intesa Sanpaolo qui soutenait Air One.

Air One se dit toujours intéressée par Alitalia mais à des conditions différentes et Intesa Sanpaolo est prêt à la soutenir.

Mais l’acquéreur le plus souvent évoqué en cas de négociations directes est Air France-KLM, les deux compagnies étant liées par des participations croisées de 2% et partenaires dans l’alliance Sky Team.

Air France-KLM a fait part lundi de son intérêt pour la compagnie espagnole Iberia, en bien meilleure santé qu’Alitalia, tout en se disant prête à participer à la consolidation du secteur, ce qui laisse la porte ouverte à une reprise d’Alitalia.

Depuis le début de la procédure de privatisation, la compagnie franco-néerlandaise s’est tenue à l’écart en raison des conditions posées par Rome et jugées trop contraignantes.

Rome imposait en particulier le rachat d’au moins 39,9%, obligeant l’acquéreur à lancer une OPA sur tout le capital, et le maintien de la marque et de l’identité nationale d’Alitalia. Les acquéreurs potentiels s’inquiétaient aussi de la faible marge de manoeuvre en matière sociale et du sort d’AZ Servizi, la filiale de services.

Alitalia est en perte de vitesse depuis plus de 10 ans. La compagnie a perdu 626 millions d’euros l’an dernier et encore 135 millions d’euros au premier trimestre 2007.

La compagnie, recapitalisée à hauteur de 1 milliard d’euros fin 2005, assure qu’elle a encore assez de liquidités pour survivre plus de 12 mois.

 18/07/2007 18:54:34 – © 2007 AFP