Japon : le “gourou” de la finance Murakami condamné à 2 ans de prison

 
 
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Le “gourou” de la finance japonais Yoshiaki Murakami à Tokyo le 12 juin 2007

[19/07/2007 07:36:20] TOKYO (AFP) Le “gourou” de la finance japonais Yoshiaki Murakami, un ancien haut fonctionnaire devenu le gérant d’un populaire fonds d’investissement, a été condamné jeudi à deux ans de prison ferme pour délit d’initié par un tribunal de Tokyo.

Les magistrats lui ont également infligé une amende de 1,15 milliard de yens (7 millions d’euros), un record pour un délit d’initié.

Yoshiaki Murakami, 47 ans, a été reconnu coupable d’avoir acheté des actions du groupe de médias Nippon Broadcasting System (NBS) fin 2004 et début 2005 tout en sachant que le portail internet Livedoor, dirigé à l’époque par un autre “golden boy” déchu, Takafumi Horie, s’apprêtait à lancer une offre publique d’achat contre NBS.

Grâce à cette opération illicite, M. Murakami, connu pour les méthodes agressives du fonds d’investissement qu’il avait créé en 1999 et pour ses campagnes en faveur des droits des actionnaires, aurait empoché une plus-value d’environ trois milliards de yens (20 millions d’euros).

Le procureur avait requis trois ans de prison ferme.

L’accusé, pour sa part, clamait son innocence.

“Cette affaire a fortement endommagé la crédibilité du marché des placements financiers”, a estimé dans son verdict le juge Kunihiko Koma.

“Ce délit a eu un impact important sur la société, sur les investisseurs particuliers qui font confiance au marché et ont investi dans le fonds Murakami en croyant aux idéaux qu’il leur faisait miroiter”, a-t-il ajouté.

L’ex-coqueluche des médias, Murakami, a interjeté appel, de même que son fonds aujourd’hui dévalué.

Des centaines de badauds se sont rendus au tribunal, envahi par les journalistes, pour entendre le verdict, reflétant la curiosité qui entoure depuis le début l’affaire Murakami.

Du temps de sa splendeur, ce trublion divisait déjà l’opinion et les milieux d’affaires entre admirateurs et détracteurs.

Les premiers louaient son charisme et la verve avec laquelle il prétendait défendre les droits des petits porteurs et autres actionnaires.

Les seconds l’accusaient d’être un véritable rapace dénué de tout scrupule.

Sa condamnation “a au moins le mérite de réveiller tous ceux qui croient qu’ils peuvent employer des méthodes dignes de vautours sans être inquiétés”, a tranché l’économiste Noriko Hama, de l’école de commerce Doshisha.

“Je ne dis pas que les fonds d’investissement sont nécessairement mauvais, mais je pense qu’il existe des manières plus courtoises de procéder”, a-t-elle ajouté.

Ce scandale a éclaboussé aussi le gouverneur de la Banque du Japon, Toshihiko Fukui, qui avait investi 10 millions de yens dans le fonds Murakami en 1999, avant de prendre, en 2003, la tête de la banque centrale.

M. Fukui a nié avoir commis une quelconque faute d’éthique et a refusé catégoriquement de démissionner, comme l’ont réclamé les partis d’opposition.

Yoshiaki Murakami a comparu libre tout au long de son procès, qui a duré de novembre à juin derniers.

Arrêté en juin 2006, il avait passé trois semaines en prison avant d’être libéré sous caution.

 19/07/2007 07:36:20 – © 2007 AFP