[19/07/2007 13:49:48] FRANCFORT (AFP) Soufflant le chaud et le froid, la France n’en maintient pas moins la pression sur la Banque centrale européenne, ce qui risque de compliquer les décisions des gardiens de l’euro alors qu’une nouvelle hausse de taux d’intérêt est programmée pour septembre ou octobre. Le président français de la Banque, Jean-Claude Trichet a qualifié de “pas acceptable”, la déclaration du secrétaire d’état français aux Affaires européennes Jean-Pierre Jouyet selon laquelle il est possible “d’influencer” les décisions sur les taux de la BCE via un dialogue “plus ouvert” avec les ministres des Finances de la zone euro. Ce n’est pas la première fois que le Français défend son institut contre ce qu’il considère comme des tentatives d’entamer son indépendance, mais il est rarissime qu’il réagisse à un propos en particulier et aussi rapidement. Berlin, ardent défenseur de l’indépendance de la BCE, a aussi promptement remis les choses au point. “Bien sûr il est possible de discuter. Mais les décisions prises par la Banque centrale européenne sont du seul ressort de ses organes dirigeants, et ne doivent être ni préparées ni influencées par des discussions politiques des Etats membres”, a dit jeudi le porte-parole de la chancelière, Ulrich Wilhelm, lors d’une conférence de presse. La déclaration de M. Jouyet à l’International Herald Tribune surprend d’autant plus que, deux jours plus tôt, le président français Nicolas Sarkozy a affirmé son attachement à l’indépendance de la BCE à l’occasion de sa rencontre à Toulouse avec la chancelière conservatrice allemande Angela Merkel. Le président français avait plus d’une fois critiqué la politique de remontée des taux directeurs de l’institut entamée en décembre 2005, responsable selon lui de la montée en flèche de l’euro qui désavantage les exportateurs de la zone euro en général, et français en particulier. Le sujet était devenu un sujet de friction entre Paris et Berlin. Mme Merkel et M. Sarkozy avaient profité de leur rencontre, consacrée essentiellement au groupe européen d’aéronautique EADS, pour gommer aussi publiquement leurs divergences sur le sujet. La pression maintenue par la France est potentiellement problématique pour le conseil des gouverneurs. S’il attend octobre avant de remonter le principal taux, actuellement à 4%, il pourrait être soupçonné de céder aux pressions françaises, ce qui est dangereux pour sa crédibilité, estime Holger Schmieding, chef économiste en Europe de la Bank of America et fin connaisseur de la BCE. S’il frappe dès septembre, il est susceptible de faire grimper davantage l’euro, déjà à un niveau record, face au dollar et au yen. La force de la monnaie unique deviendrait progressivement un plus grand problème pour les exportateurs. Et l’argument de Nicolas Sarkozy en faveur d’une plus grande influence des pouvoirs politiques sur les changes pourrait faire des adeptes. La prochaine décision est devenue un “sujet politique”, estime l’économiste. Et pour couper court à toute incertitude sur sa capacité à rester ferme, la BCE ne va, selon lui, sans doute pas attendre le prochain conseil de politique monétaire, qui se tient via une conférence téléphonique début août, pour préciser l’échéance du prochain tour de vis. |
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