France : plan de soutien aux pêcheurs d’anchois, interdits de sortie en mer

 
 
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Banderole accrochée sur un bateau dans le port de Saint-Nazaire, le 10 juillet 2007 (Photo : Jean-Sébastien Evrard)

[19/07/2007 15:23:45] NANTES (AFP) La décision de Bruxelles de ne pas rouvrir la pêche à l’anchois dans le Golfe de Gascogne, au nom de la défense de la ressource qui s’épuise, est un coup dur pour les pêcheurs français qui bénéficieront toutefois d’un plan de soutien de 15 millions d’euros.

Cette annonce a provoqué un “choc” sur les quais de La Turballe (Loire-Atlantique), des Sables d’Olonne ou de Saint-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée), trois ports qui vivent en grande partie de la pêche au petit poisson bleu.

“L’Europe nous a condamnés. On sait que c’est fini…”, a déclaré Dominique Lebrun, présidente du comité de pêche de La Turballe, où les pêcheurs sont “anéantis”.

Après s’être fortement mobilisés ces dernières semaines, les pêcheurs espéraient que la Commission allait accepter la demande du ministre de la Pêche Michel Barnier pour une réouverture de trois mois et un quota de 3 à 4.000 tonnes de poisson dans le Golfe de Gascogne.

Mais Bruxelles, soutenu par l’Espagne (qui détient l’essentiel des droits de pêche dans cette zone), a suivi les recommandations de son comité scientifique qui a demandé fin juin l’arrêt total de la pêche au moins jusqu’en juillet 2008.

Cette pêche est déjà fortement restreinte depuis 2005 et toute reprise “risquerait de faire s’effondrer le stock d’anchois”, a expliqué jeudi Mireille Thom, la porte-parole du commissaire à la Pêche Joe Borg. “C’est un risque qu’on ne peut pas se permettre de prendre”, a-t-elle ajouté.

Greenpeace s’est félicité de cette décision. “Il fallait maintenir le moratoire de manière à pouvoir redémarrer sur des bases saines”, a déclaré le responsable de la campagne “Océans” Stéphan Beaucher.

Mais, se basant sur les résultats d’une campagne “scientifique” menée au printemps, les pêcheurs français militaient pour une reprise de la pêche restreinte et limitée aux plus gros poissons, “âgés de plus de trois ans, qui vont bientôt mourir et vivent loin des côtes”, selon Mme Lebrun.

Bruxelles a annoncé que des experts de la Commission allaient se rendre “dès la semaine prochaine en France pour voir comment mettre en oeuvre des aides dans les délais les plus brefs”, a indiqué Mme Thom.

La somme de 15 millions d’euros, annoncée par Paris, est jugée insuffisante par les pêcheurs de La Turballe, dont le maire, René Leroux, craint des “conséquences humaines dramatiques”. La pêche à l’anchois concerne “plus de 800 personnes”, en comptant les emplois induits et les familles, sur les 4.500 habitants de sa commune, fait-il remarquer.

Le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM) craint que la décision de Bruxelles n'”implique à court terme la disparition de la filière française”.

Stéphan Beaucher, de Greenpeace, estime aussi que “les impacts sociaux-économiques de la mesure vont être colossaux”, prédisant “une période de bouleversement pour les flottilles français comme on en a rarement connu”.

Pour La Turballe, M. Leroux prévoit ainsi que le chiffre d’affaires du port va reculer cette année à “14 ou 15 millions d’euros, contre 20 l’an dernier et 40 il y a quelques années” lorsque, grâce à l’anchois, les patrons pêcheurs investissaient dans de nouveaux bateaux. “Ils sont maintenant étranglés par les dettes”, souligne le maire, qui a décliné une rencontre au ministère vendredi soir, souhaitant plutôt un déplacement de M. Barnier.

En attendant, les quelques pêcheurs présents jeudi sur les quais de La Turballe indiquaient attendre le retour de leurs collègues, partis en mer pêcher le thon, pour annoncer d’éventuelles nouvelles actions d’éclat.

 19/07/2007 15:23:45 – © 2007 AFP