USA : négociations délicates entre syndicat et constructeurs automobiles

 
 
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Un concessionnaire Chrysler à Miami (Photo : Roberto Schmidt)

[20/07/2007 09:08:21] DETROIT (AFP) Des négociations délicates devaient s’ouvrir à partir de vendredi entre les trois constructeurs automobiles américains et le syndicat de branche UAW pour s’entendre sur une nouvelle convention collective permettant à General Motors (GM), Ford et Chrysler de regagner leur compétitivité.

Si les discussions s’annoncent particulièrement difficiles, elles vont toutefois débuter de manière cordiale avec une poignée de main officielle entre les responsables de l’UAW et la direction de Chrysler vendredi, puis avec Ford et GM lundi.

La nouvelle convention, qui doit remplacer l’actuelle arrivant à expiration mi-septembre, “doit faire face à une série de questions très difficiles à résoudre”, souligne Harley Shaiken, expert du travail de l’Université de Berkeley (Californie, ouest). Selon lui, “la couverture santé des retraités sera au centre des débats”.

L’UAW, qui a vu ses adhérents diminuer des deux-tiers depuis les années 70, à l’apogée de l’automobile américaine, joue sa crédibilité et veut défendre le maintien des acquis, dont une généreuse couverture santé pour les retraités, héritée des précédentes décennies.

Les constructeurs vont de leur côté plaider pour des concessions, notamment sur cette couverture santé, afin de réduire leurs coûts et combler l’écart de productivité avec leurs rivaux asiatiques implantés aux Etats-Unis. Depuis le précédent round de négociations salariales il y a quatre ans, les “Big Three” américains sont tous passés des profits aux pertes.

L’UAW a déjà fait de nombreuses concessions ces trois dernières années aux constructeurs et équipementiers automobiles pour éviter la déroute de l’industrie américaine, en crise structurelle face aux constructeurs asiatiques qui produisent à moindres coûts: baisses de salaires, départs volontaires par dizaines de milliers, fermetures d’usines, cotisations retraites relevées…

Du côté des syndiqués, certains estiment difficile de parier sur l’issue des discussions entre constructeurs et l’UAW.

Gloria Jean Morgan, présidente d’une section locale de l’UAW dans une usine de GM, rapporte que peu de ses collègues ont discuté des futurs contrats salariaux. “Cela ne veut pas dire qu’ils ne s’en inquiètent pas”, dit-elle, “cela reflète plutôt le degré d’incertitude sur le sujet”.

Mais d’un côté comme de l’autre, les marges de manoeuvre sont relativement étroites.

Plusieurs maisons de courtage ont d’ailleurs récemment relevé leurs recommandations sur les cours de Ford et GM, pariant sur l’impossibilité pour l’UAW de refuser de s’associer aux efforts pour relever ce secteur industriel.

Si l’UAW se montre publiquement réticent à de nouvelles concessions, il peut difficilement maintenir cette ligne dure et brandir une menace de grève: affaiblir des constructeurs encore convalescents peut avoir un impact direct en termes d’emplois.

De leur côté, les constructeurs n’arrivent plus à financer la couverture santé de leurs retraités. Mais Ford et GM ont renfloué leur trésorerie ces derniers trimestres, leur permettant d’assurer en partie le financement des prestations santé et d’avoir plus de flexibilité dans les négociations avec l’UAW.

De précédents accords conclus par l’UAW avec le fabricant de pneus Goodyear et l’équipementier Dana pourraient servir de base aux négociations, à l’instar d’un versement unique aux retraités pour leur santé, sur la base d’une durée et d’un prix négociés, ou de la création d’un fonds commun de financement pour lequel les cotisations sont exonérées d’impôts.

 20/07/2007 09:08:21 – © 2007 AFP