[20/07/2007 14:38:34] ABUJA (AFP) L’avocat du gouvernement fédéral du Nigeria a déposé vendredi midi une nouvelle plainte devant la Haute cour fédérale contre le géant pharmaceutique américain Pfizer et lui réclame 826,4 milliards de naira, soit environ 6,45 milliards de dollars, a constaté un journaliste de l’AFP. A la surprise générale, l’avocat du gouvernement, Me Babatunde Irukera, avait annoncé plus tôt dans la matinée le retrait d’une première plainte contre le géant pharmaceutique américain Pfizer, auquel l’Etat nigérian réclamait près de 7 milliards de dollars. La Haute cour fédérale avait pris acte du retrait de la plainte du gouvernement fédéral, et accordé 10.000 naira (78 usd) à Pfizer (bien à Pfizer). Dans la nouvelle plainte, un document d’une quarantaine de pages dont l’AFP a eu copie, le Nigeria demande à la Haute cour, outre des indemnisations à peu près inchangées, de conclure que les tests d’un médicament effectués en 1996 par Pfizer dans le nord du pays étaient “illégaux et répréhensibles” et “n’étaient ni humanitaires ni philanthropique, mais purement à but commercial”. Aucune date n’a encore été fixée par la Haute cour pour le nouveau procès contre Pfizer. Le laboratoire est également poursuivi pour les mêmes motifs par l’Etat de Kano, qui lui réclame 2,75 milliards de dollars. Ce procès-là doit s’ouvrir le 3 octobre. “Cette nouvelle plainte contient plus de faits. Il y a également de nouvelles accusations de fraude. Nous avons également ajouté une clause en restitution pour profits illicites”, a affirmé Me Irukera à l’AFP. L’avocat du gouvernement réclame notamment 64O milliards de naira en “dédommagement exemplaire pour la conduite incorrecte des défendants”, 128 milliards comme “dédommagement général”, 57 milliards “en restitution de profits et enrichissement indu”. Pour l’avocat nigérian de Pfizer, Me Afe Babalola, le retrait de la première plainte s’explique par “sa pauvreté”. “Ils ont un dossier très pauvre c’est pourquoi ils l’ont retiré. Je regrette cependant que les règles du tribunal autorisent un tel retrait. J’aurais préféré qu’on aille jusqu’au bout, et l’affaire aurait été terminée”, a-t-il déclaré à l’AFP. Dans la première plainte déposée le 4 juin auprès de la Cour suprême fédérale, le gouvernement accusait Pfizer d’avoir profité en 1996 d’une très grave épidémie de méningite à méningocoque et de rougeole dans le Nord — qui a fait des milliers de morts — pour tester sur des enfants un médicament antibiotique, la trovafloxacine, sans l’autorisation ou le consentement de leurs parents et sans l’accord des autorités locales. Selon le Nigeria, 11 enfants sont morts, sur un total de 200 qui ont pris ce médicament de Pfizer, et la plupart des autres souffrent de diverses affections (surdité, paralysie, troubles de la parole, lésions cérébrales, cécité). Pfizer a toujours nié tout manquement à l’éthique, et affirmé avoir agi à l’époque en toute clarté. Le 12 juillet, un responsable du groupe au Nigeria avait affirmé avoir reçu l’autorisation des autorités nigérianes avant de mener ces essais thérapeutiques. “Nous avions les autorisations écrites de la NAFDAC (agence nigériane de contrôle des médicaments), du ministère fédéral de la Santé, du gouvernement de Kano et des parents ou tuteurs des enfants avant de procéder aux essais cliniques du médicament”, avait déclaré à la presse Ngozi Edozien, directeur exécutif de Pfizer Specialities Limited Nigeria. |
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