[22/07/2007 07:14:11] WASHINGTON (AFP) Le premier débat CNN/YouTube va lever le rideau lundi sur une nouvelle ère dans la politique américaine tout en apparaissant comme une astuce de plus pour dynamiser la course à la Maison Blanche. La sénatrice démocrate Hillary Clinton et les rivaux de son camp vont monter sur scène lundi en Caroline du Sud pour affronter les questions, non pas d’experts politiques ou de vedettes de la télévision, mais d’électeurs “lambda” à travers des vidéos du site internet YouTube. Le premier débat CNN/YouTube, mariage de deux grands médias, est considéré comme une tentative de tourner la page des confrontations télévisées ennuyeuses à travers un bond dans le cyberespace. Alimenté par de brèves vidéos postées sur le site de partage de clips YouTube, dont beaucoup sont filmées dans des salons ou des chambres à coucher, l’événement est salué comme une première politique. Déjà on le compare à l’avènement de la télévision dans la politique américaine. En 1960, les téléspectateurs avaient jugé le candidat démocrate John F. Kennedy plus enthousiaste et vif que son rival républicain Richard Nixon, suant et mal rasé. La suite appartient à l’Histoire. Jusqu’à présent, les électeurs ont envoyé plus de 1.700 vidéos sur YouTube, souvent poignantes, surprenantes ou même osées, qui seront triées avant le débat de lundi et diffusées aux candidats. Dans un de ces clips, une internaute, Kim, dévoile un crâne chauve et évoque sa bataille contre le cancer, avant d’interroger les candidats sur les coûts astronomiques de la santé aux Etats-Unis. Un autre leur demande comment ils comptent considérer le cannabis dans leurs programmes politiques. Dans un autre spot, une écologiste, Dr Rachel Jakuba, en masque et tuba, plaide pour venir en aide aux tortues de mer tandis que d’autres électeurs interrogent sur le Darfour ou l’Irak. Avides d’attirer l’attention des jeunes électeurs qui passent des heures rivés sur YouTube, les candidats se sont plongés dans le cyberespace, dépensant sans compter pour se faire une place sur le site détenu par Google, ou sur d’autres plateformes internet comme FaceBook. John Edwards, qui arrive en 3e position chez les démocrates dans les sondages derrière Hillary Clinton et le sénateur noir Barack Obama, se félicite de ce débat, dans une vidéo en ligne sur YouTube. “Ce qui se passe quand les membres des médias posent toutes les questions c’est qu’ils posent toujours les mêmes”, dit-il. Quand le débat a été annoncé en juin, il a été salué comme un tournant. “Pour la première fois dans l’histoire des débats présidentiels (américains), les électeurs aux quatre coins du pays vont pouvoir poser au futur président des Etats-Unis une question sous forme de vidéo et entendre la réponse”, a dit Chad Hurley, pdg et cofondateur de YouTube. Mais certains analystes expriment des réserves. Joshua Levy, rédacteur à TechPresident.com, un forum politique en ligne, estime que l’exercice perd de son intérêt parce que les questions sont sélectionnées par des journalistes professionnels. “C’est beaucoup moins fascinant si un tiers intervient et dit ce qui est intéressant et ce qui est raté”, a-t-il écrit dans un blog. Déjà adeptes de YouTube, les candidats de 2008 ont cherché à atteindre les électeurs de manière innovante: Mme Clinton a lancé sa campagne dans une de ces vidéos et Barak Obama a posté des films courts le montrant en train de dîner avec certains de ses supporteurs. “Pour moi, c’est plus une évolution qu’une révolution”, a dit Lee Rainie, directeur du Pew Internet and American Life Project. Les candidats républicains auront leur propre débat YouTube/CNN en septembre. |
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