[22/07/2007 10:36:02] NEW YORK (AFP) Les membres de la famille Bancroft, qui contrôlent le groupe Dow Jones (éditeur du Wall Street Journal) depuis 1902, vont se réunir lundi pour décider s’ils vendent ou non leur groupe au magnat de la presse Rupert Murdoch, qui attend leur réponse depuis trois mois. M. Murdoch, le patron de l’empire News Corp., connu pour ses tabloïds sensationnalistes et ses opinions conservatrices, a proposé le 1er mai 5 milliards de dollars pour racheter Dow Jones et son fleuron, le très sérieux Wall Street Journal. Cette offre inattendue et très élevée — 67% de plus que le cours de l’action Dow Jones en avril — a profondément divisé la famille. Elle a aussi inquiété la rédaction et les syndicats du WSJ, qui y ont vu immédiatement une grave menace pour leur indépendance éditoriale. Mais une telle offre ne pouvait pas être ignorée, et a mis de facto le groupe Dow Jones en vente. Après un rejet initial, la famille et le groupe Dow Jones ont accepté au bout d’un mois de discuter avec M. Murdoch. Devant l’hésitation de la famille, le PDG de Dow Jones Richard Zannino a fait accélérer les choses en prenant en main les discussions. L’un des principaux sujets de conflit a porté sur l’indépendance éditoriale du Wall Street Journal, obligeant Rupert Murdoch à proposer de créer un comité de surveillance indépendant. Cela a permis lundi dernier au magnat australo-américain de remporter une première victoire en s’assurant l’accord du conseil d’administration de Dow Jones pour vendre le groupe. Mais tout dépendra de la décision des Bancroft, qui ensemble détiennent 24% du capital et 64% des droits de vote de Dow Jones. Pas besoin d’unanimité: étant donné que les autres actionnaires de Dow Jones devraient se laisser tenter, il suffira qu’une moitié de la famille accepte pour donner à M. Murdoch le contrôle du groupe. Le dénouement de cette affaire ne sera probablement pas tranché avant la semaine suivante. Après la réunion de lundi, les membres de la famille auront “plusieurs jours” pour se décider, a indiqué Dow Jones. Mais rien n’est joué, car plusieurs de ses membres, tout comme des grandes plumes du Wall Street Journal et les syndicats, restent farouchement hostiles à l’arrivée du magnat. Leslie Hill, la plus combative de la famille, a frappé à toutes les portes pour trouver d’autres investisseurs, comme Ron Burkle, un roi des supermarchés qui aime la presse. Mais elle n’a pas réussi à trouver un candidat équivalent, tant M. Murdoch a placé la barre haut. L’IAPE, principal syndicat du WSJ, a lui aussi écrit à une dizaine de milliardaires, en vain. Seule contre-offre en lice, réitérée vendredi, celle du fondateur de MySpace Brad Greenspan qui propose de prendre une participation de 25% au sein de Dow Jones et d’avancer aux membres de la famille Bancroft hostiles à la vente l’argent nécessaire au rachat des titres de ceux qui y sont favorables. A la rédaction du WSJ, beaucoup de journalistes s’inquiètent, tout comme des éditorialistes d’autres journaux, qui accusent Murdoch d’influencer ses journaux pour servir ses intérêts, politiques ou économiques. Dans la salle de rédaction, des posters de Leslie Hill sont punaisés au mur, et les commentaires sont souvent féroces, certains journalistes parlant de “citadelle qui résiste contre la barbarie des tabloïds”. L’état des finances de Dow Jones ne renforce pas la position des Bancroft. Selon les résultats du 2e trimestre publiés jeudi, le chiffre d’affaires a progressé mais le bénéfice a chuté de 27%, à 21 millions de dollars. Le prix offert par M. Murdoch va bien au delà d’un intérêt économique. Le magnat veut en effet non seulement s’emparer d’un titre mondialement connu, qu’il convoite depuis des années, mais aussi épauler sa future chaîne financière, Fox Business, qui démarrera le 15 octobre. |
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