Les Echos : les salariés toujours opposés à LVMH malgré des “avancées”

 
 
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Le logo du journal Les Echos (Photo : Stéphane de Sakutin)

[23/07/2007 17:00:44] PARIS (AFP) LVMH a fait lundi de nouvelles propositions aux journalistes des Echos pour garantir leur indépendance mais les salariés s’opposent toujours à un rachat par le groupe de luxe, estimant que ces “avancées” ne régleront pas la question du conflit d’intérêt.

Lors d’un comité d’entreprise extraordinaire, David Bell, représentant le propriétaire, le groupe Pearson, a présenté aux représentants des salariés les nouvelles garanties pour l’indépendance éditoriale et l’emploi avancées par LVMH.

Le groupe de Bernard Arnault s’était déjà engagé sur ces deux points, après l’annonce de l’ouverture de négociations exclusives avec Pearson pour le rachat des Echos, pour la somme de 240 millions d’euros.

Mais le dispositif imaginé par LVMH pour garantir l’indépendance — qui reposait sur la nomination au conseil de surveillance d’administrateurs “indépendants” disposant d’un droit de veto sur la nomination du directeur de la rédaction — avait été jugé inefficace par les salariés.

Le nouveau schéma présenté lundi comprend des évolutions notables : il prévoit notamment d’octroyer à la rédaction un droit de veto sur le nomination du directeur de la rédaction.

Dans le détail, LVMH propose toujours de nommer trois administrateurs indépendants au conseil de surveillance des Echos. Mais les candidats à ces postes ne seront plus choisis par Pearson et LVMH, mais par LVMH et la SDJ.

Le directeur de la rédaction ne pourra être nommé qu’avec l’accord d’au moins deux administrateurs indépendants et “sous réserve que la majorité des journalistes des Echos ne s’oppose pas à cette nomination”.

Concernant l’emploi, le groupe de Bernard Arnault s’engage à ce qu’aucune mesure de licenciement économique n’intervienne durant les trois prochaines années.

En octroyant un droit de veto à la rédaction, LVMH s’aligne sur le dispositif proposé par le groupe de services financiers Fimalac, qui a déposé une offre concurrente il y a dix jours, après avoir été sollicité par la direction de la rédaction du journal.

Le groupe de luxe va également au-delà du dispositif demandé par la SDJ. Les représentants des journalistes proposaient que ce droit de veto soit détenu par un comité éditorial, où elle aurait eu une voix prépondérante.

Lors d’un vote en assemblée générale, les salariés des Echos ont reconnu que les nouvelles propositions de LVMH constituaient des “avancées”, mais ont estimé qu’elles ne “réglaient pas les problème de fond, notamment la question du conflit d’intérêt”.

“Nous refusons catégoriquement l’offre de LVMH et nous soutenons la démarche de la direction de la rédaction vis-à-vis de Fimalac et nous souhaitons que celle-ci soit développée”, indiquent-ils dans une motion adoptée à une large majorité.

“Sous la pression, LVMH fait des efforts énormes”, mais “le conflit d’intérêt persiste”, a estimé Katty Cohen, déléguée SNJ-CGT.

“Quand un groupe est actif dans des domaines extrêmement nombreux et extrêment importants pour le journal, par essence le conflit d’intérêt existe. Il peut y avoir toutes les garanties du monde, la suspicion existera toujours”, a jugé le président de la SDJ, Vincent de Féligonde.

En outre, “il y a des imprécisions, des problèmes de traduction dans le texte de LVMH. Il peut y avoir du faux-semblant dans leurs propositions”, a-t-il ajouté.

De leur côté, les salariés de la Tribune — propriété de LVMH qui compte céder le titre s’il parvient à acquérir les Echos — ont demandé au groupe de luxe d’appliquer “sans attendre” à leur journal les garanties d’indépendance proposées à leur concurrent.

 23/07/2007 17:00:44 – © 2007 AFP