L’offre de Murdoch pour le rachat du groupe Dow Jones suspendue à la décision des Bancroft

 
 
SGE.EPG71.240707053605.photo00.quicklook.default-245x173.jpg
Exemplaires du Wall Street Journal, édité par le groupe Dow Jones, le 17 juillet 2007 à Chicago (Photo : Scott Olson)

[24/07/2007 05:46:28] NEW YORK (AFP) Vendre ou ne pas vendre ? Les quelque 30 membres de la famille Bancroft se sont réunis lundi dans un hôtel de Boston pour examiner l’offre de Rupert Murdoch, qui leur propose 5 milliard de dollars pour racheter le groupe Dow Jones et son fleuron, le Wall Street Journal, que les Bancroft contrôlent depuis 1902.

Entourés de conseillers et d’avocats, les Bancroft, une famille divisée où sont éparpillés 64% des droits de vote de Dow Jones et 24% du capital, ont assisté à une présentation détaillée de l’offre de M. Murdoch et la seule autre en lice, celle du créateur du site MySpace, Brad Greenspan.

“La réunion de la famille et de ses conseillers a été très productive”, a indiqué lundi soir le représentant de la famille, Michael Elefante, sans évoquer ni débat ni décision de la famille à ce stade.

“La famille et ses représentants disposent maintenant de toutes les informations nécessaires pour prendre des décisions en toute connaissance de cause sur la proposition de News Corp.” (le groupe de M. Murdoch), a indiqué M. Elefante dans un très bref communiqué, sans donner d’autre détail.

“Les membres de la famille Bancroft ne décideront pas aujourd’hui s’ils veulent, individuellement, soutenir ou non l’offre de News Corporation”, avait souligné lundi matin à l’AFP une source proche de la famille.

“Il s’agit simplement d’un briefing des membres de la famille et de ses représentants légaux, afin de répondre à toutes leurs questions et leur permettre de prendre une décision”, avait-t-il ajouté.

M. Murdoch a proposé 60 dollars par action, soit 65% de plus que le cours de l’action Bourse ces dernières années.

Il s’agit pour les Bancroft non seulement d’argent — vendre à Murdoch leur rapporterait près de 1,25 milliard de dollars, à se partager — mais aussi d’éthique, car la famille a réclamé à Murdoch des garanties sur l’indépendance éditoriale du Wall Street Journal en cas de rachat.

Les Bancroft auront ensuite” plusieurs jours” pour se prononcer, a indiqué le groupe Dow Jones la semaine dernière, après que son conseil d’administration eut approuvé la vente à Murdoch.

Si, comme le supputent tous les analystes, la plupart des actionnaires extérieurs à la famille sont tentés de vendre, au vu du prix alléchant proposé par Rupert Murdoch, il suffirait qu’un tiers des Bancroft accepte pour que le magnat de la presse obtienne la majorité de Dow Jones.

Il mettrait ainsi la main sur le Wall Street Journal, le fleuron du groupe, ainsi que sur l’agence d’informations financières Dow Jones, le magazine financier Barron’s et la base de données Factiva.

Des médias qui épauleraient considérablement la chaîne financière que veut lancer M. Murdoch le 15 octobre aux Etats-Unis, Fox Business News.

Les membres de la famille les plus activement opposés à la vente, Leslie Hill et Christopher Bancroft, continuaient la semaine dernière de chercher d’autres solutions.

Le vote final des Bancroft, attendu au plus tôt la semaine prochaine, voire plus tard si la famille réclame des informations supplémentaires, sera extrêmement serré, estiment les analystes.

D’autant que le seul autre candidat à s’être manifesté, Brad Greenspan, le fondateur du site MySpace, est revenu à la charge vendredi, avec des détails supplémentaires sur son offre de rachat partiel.

Il a expliqué qu’il rachèterait pour 60 dollars — au même prix que Murdoch — les titres des Bancroft qui souhaitent vendre, et consentirait à ceux qui souhaitent conserver le contrôle du groupe un prêt afin qu’ils puissent racheter les titres aux autres membres de leur famille.

Un groupe créé par M. Greenspan pour l’occasion, JI, prendrait 25% de Dow Jones et deux sièges au conseil d’administration du groupe, qui garderait son indépendance financière et éditoriale.

Brad Greenspan a assuré aussi qu’il développerait les activités de Dow Jones dans l’internet et promis de porter la valeur du titre Dow Jones à 100 dollars.

Les marchés étaient hésitants lundi sur l’issue de cette bataille: miné par l’hypothèse que la vente échoue, le titre Dow Jones reculait légèrement, en-dessous des 55 dollars. Si Murdoch était écarté, il pourrait retomber à son niveau d’avant la présentation de son offre, soit 35 à 40 dollars.

 24/07/2007 05:46:28 – © 2007 AFP