[24/07/2007 08:44:30] PARIS (AFP) Face à l’envolée de l’euro et des prix du pétrole, les entreprises européennes exportatrices ou fortement consommatrices de carburant tentent de se couvrir pour stabiliser leurs coûts ou leurs recettes en faisant appel aux marchés financiers. L’euro bat record sur record face au yen et au billet vert, et a encore inscrit un nouveau sommet historique lundi à 1,3845 dollar. Un niveau qui pénalise certains grands groupes exportateurs de la zone euro à l’instar d’EADS ou LVMH, pour qui les prix de vente sont ainsi mécaniquement gonflés à l’international. Parallèlement, les cours du pétrole flirtent avec leurs records historiques de l’été dernier qui avaient dépassé les 78 dollars le baril: une envolée qui affecte particulièrement le secteur des transports, très gourmand en carburant, et en premier lieu les compagnies aériennes. La couverture contre les risques pétroliers ou de change fonctionne comme une assurance, principalement grâce à deux types de produits financiers: le contrat à terme et l’option. Avec le premier, on tente de lisser le cours du pétrole ou d’une devise sur une certaine durée. Par exemple, une société achète à terme un certain volume de pétrole dans un an à 65 euros le baril. A terme, la société achète ensuite réellement du pétrole au prix du marché. Si elle le paie plus cher que 65 euros le baril, l’intermédiaire financier avec qui le contrat a été négocié lui paiera la différence. Si le prix est sous 65 euros, c’est la société qui rembourse l’intermédiaire financier de la différence. Les options peuvent, elles, être exercées ou non à partir d’un certain prix, ce qui permet d’aplanir les extrêmes de prix. Pour l’exercice 2006-2007, “85% de notre consommation de pétrole est couverte au prix moyen de 52 dollars le baril, alors que le prix moyen sur cette période se situe à 65 dollars”, explique à l’AFP Philippe Calavia, directeur général délégué aux affaires financières d’Air France-KLM. Chaque entreprise a sa stratégie. Les compagnies aériennes à bas prix se montrent ainsi “plus opportunistes que les grandes compagnies et fonctionnent à court terme. Elles peuvent arrêter de se couvrir si elles pensent que le prix va baisser, puis recommencer”, remarque M. Calavia. La compagnie américaine Southwest s’est distinguée en pariant juste après le début de la guerre en Irak sur une flambée à long terme des cours. “Ils se sont couverts sur trois ou 4 ans à un prix entre 25 et 35 dollars le baril, bénéficiant par rapport à leurs concurrents d’un prix extrêmement bas”, raconte M. Calavia. Les producteurs de matières premières peuvent parfois avoir recours aux mêmes techniques. “En ce moment, les producteurs pétroliers ont tendance à se couvrir pour être sûrs qu’ils vont vendre sur les 10 prochains mois à un niveau proche des prix actuels”, explique Frédéric Lasserre, de la Société Générale. Si la plupart des compagnies aériennes parviennent grâce à leur stratégie de couverture à limiter l’impact d’une flambée pétrolière qui les touche toutes, l’envolée de l’euro est plus lourde de conséquences pour les multinationales européennes. “Quand vous êtes une entreprise comme Airbus, un euro à 1,38 dollar peut poser un problème, mais la vraie question, c’est si l’euro continue à monter pendant encore des années”, remarque un cambiste. “Si vous avez des coûts structurels en euro et des recettes uniquement à l’exportation, on peut se demander si à terme il ne vaudrait pas mieux produire aux Etats-Unis”, conclut-il. |
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