L’Opep veut rassurer le marché mais ses intentions restent floues

 
 
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Photo non datée d’un champ pétrolier à Tripoli (Photo : Mahmud Turkia)

[24/07/2007 20:53:29] LONDRES (AFP) Sourde depuis le début de l’été aux appels à augmenter ses niveaux de production, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole a semblé ce week-end infléchir sa position, mais les analystes doutaient mardi de ses intentions de pomper plus de pétrole à court terme.

Alors que les prix du brut approchent de leurs records historiques, frôlant les 80 dollars le baril à Londres, le président de l’Opep, l’émirati Mohammed al-Hameli, s’est dit “préoccupé” dimanche par les prix actuels. L’Opep est “prête” à accroître si nécessaire sa production, a-t-il déclaré, ajoutant qu’il n’était pas certain qu’elle ait à le faire “avant la fin de l’année”.

Les cours du brut ont cédé presque trois dollars dans la foulée. Pour Michael Davies, analyste chez Sucden, il s’agirait de “la première indication que l’Opep est prête à faire quelque chose pour enrayer la hausse des prix”.

Depuis le début de l’été en effet, le cartel, qui produit plus des deux tiers du brut mondial (35,8% en juin), résiste aux appels de plus en plus pressants à augmenter sa production.

Par exemple, le cabinet indépendant Centre for Global Energy Studies (CGES) estime depuis trois mois qu’il n’y a pas assez de brut sur le marché mondial, et met en garde contre de nouveaux pics si l’Opep n’agit pas.

L’Opep ne partage pas cette analyse du marché. Elle met les prix élevés sur le compte des capacités de raffinage insuffisantes aux Etats-Unis, de la spéculation et de la situation géopolitique tendue.

Elle souligne que les stocks américains de brut sont au plus haut depuis neuf ans, et les stocks de l’OCDE supérieurs à leur moyenne des cinq dernières années. Le département américain de l’Energie en convient: les stocks de brut américains sont de 5,4% supérieurs à leur niveau de l’an dernier, et “bien supérieurs à leur fourchette haute pour cette période de l’année”.

Aussi, le cartel estime que s’il fournissait davantage de brut aujourd’hui, les barils iraient simplement s’empiler dans les terminaux américains, qui croulent déjà sous un pétrole que les raffineries peinent à transformer.

L’Opep avait réduit au début de l’année sa production, pour enrayer une baisse des cours survenue entre août et janvier, qui avait vu le pétrole descendre jusqu’à 50 dollars le baril. Selon ses propres statistiques, l’Opep-12 (y compris l’Irak et l’Angola) aurait produit 29,98 millions de barils par jour (mbj) en juin –contre 31,12 mbj en moyenne au troisième trimestre 2006.

Si M. al-Hameli a tenté d’envoyer un signe apaisant au marché, tous les analystes n’en ont pas tiré les mêmes interprétations.

Chez Barclays Capital, on estime “hautement improbable” une augmentation de la production à court terme. “En langage Opep, les propos de dimanche signifient simplement +On verra+”, décrypte quant à lui Frédéric Lasserre, analyste à la Société Générale.

Dans tous les cas, a rappelé dimanche M. al-Hameli, l’organisation n’interviendra pas avant sa prochaine réunion prévue le 11 septembre.

“Ce sera alors trop tard”, estime Frédéric Lasserre, car selon lui, “le marché du pétrole marche comme la haute couture, on présente la collection hiver en été et inversement : pour remédier à un problème d’approvisionnement qui se pose dans six mois, il faudrait que l’Opep intervienne aujourd’hui”, explique-t-il.

L’Agence internationale de l’Energie, qui défend les intérêts des pays consommateurs, voudrait voir l’Opep ouvrir les robinets “aussi vite que possible”, pas tant pour pallier un manque actuel, que pour faire face à un hiver moins doux que cette année dans l’hémisphère nord et un bond de la demande dans les économies émergentes.

 24/07/2007 20:53:29 – © 2007 AFP