Dow Jones/Wall Street Journal : la famille Bancroft déchirée sur une vente à Murdoch

 
 
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Exemplaires du Wall Street Journal, édité par le groupe Dow Jones, le 17 juillet 2007 à Chicago (Photo : Scott Olson)

[27/07/2007 06:56:14] NEW YORK (AFP) Les membres de la famille Bancroft se montrent plus hésitants et divisés que jamais sur une éventuelle vente au magnat Rupert Murdoch du groupe Dow Jones, l’éditeur du Wall Street Journal, que leur famille contrôle depuis 1902, et ne devraient pas trancher avant la semaine prochaine.

Il n’y aura “probablement rien de nouveau cette semaine”, a indiqué à l’AFP une source proche du dossier, après une première réunion lundi de la famille à Boston pour examiner l’offre de Rupert Murdoch.

Les 33 membres adultes de la famille Bancroft, qui ensemble détiennent seulement 24% du capital mais 64% des droits de vote de Dow Jones, ne pourront plus temporiser longtemps: ils doivent maintenant se décider, individuellement.

M. Murdoch leur a fait le 1er mai un offre alléchante: 60 dollars par action, soit 5 milliards au total pour s’offrir le groupe dont 1,2 milliard à se partager pour les Bancroft. C’est 65% de plus que le cours de Bourse auparavant.

Sachant que les actionnaires hors de la famille sont plutôt favorables, M. Murdoch n’a besoin pour réussir que de 30% des droits de vote des Bancroft.

Selon le Wall Street Journal, un membre-clé de la famille, par ailleurs sa doyenne, Jane Cox MacElree, qui contrôle 15% des droits de vote, a rejoint lundi le clan des opposants.

A tel point que les marchés, jusqu’ici persuadés que la vente aurait lieu au bout du compte, y croient moins: l’action a reculé depuis le début de la semaine sous les 54 dollars, nettement en-dessous du prix promis par Murdoch.

Cependant l’une des trois branches de la famille, les Cooks, qui détiennent 23% des droits de vote, ont soutenu clairement la vente. Si quelques membres de la famille les suivent, M. Murdoch l’emportera.

En sortant de la réunion lundi, Christopher Bancroft, l’un des membres de la famille qui siège au conseil d’administration de Dow Jones, un “anti-Murdoch”, a juste dit que l’issue des débats restait incertaine.

“Certains sont pour, d’autres contre, chacun doit décider personnellement”, a-t-il déclaré.

Mercredi, le Wall Street Journal, qui est en contact étroit avec les Bancroft et dont une bonne partie de la rédaction est très “anti-Murdoch”, a décrit heure par heure la réunion de lundi, détaillant comment les opposants ont plaidé avec émoi pour que Dow Jones reste dans la famille.

Le “Journal” est dans la position délicate d’être à la fois l’objet du litige et la principale source d’information sur les débats.

Selon le quotidien, les conseillers ont estimé lors de la réunion que l’offre de Murdoch était financièrement avantageuse pour les Bancroft et le groupe, mais incertaine pour la ligne éditoriale du Wall Street Journal.

C’est ensuite que Jane Cox MacElree, 77 ans, a pris la parole avec émotion pour rappeler que le journaliste Daniel Pearl, assassiné par ses ravisseurs au Pakistan il y a 5 ans, avait “donné sa vie” pour le Journal. Les enfants de Jane sont divisés: 5 sont contre, 2 sont pour.

La plus militante, sa fille Leslie Hill, 54 ans, une ancienne pilote de ligne qui siège également au conseil de Dow Jones, a soutenu sa mère.

Elle s’est levée, brandissant une épaisse enveloppe remplie de lettres de journalistes du Wall Street Journal contre la vente, déclarant que c’était leurs voix qui comptaient, et soulignant combien les reporters étaient dévoués à leur travail. Elle a dit à la famille qu’ils devaient à l’histoire et au rang du Journal de ne pas le vendre, ajoute le WSJ. Certains ont applaudi.

Mais à l’inverse Elizabeth Steel, la troisième personne de la famille qui siège au conseil de Dow Jones, est intervenue pour la vente, arguant que le Dow Jones avait besoin de l’appui d’un plus grand groupe qu’il serait “irresponsable” de refuser.

 27/07/2007 06:56:14 – © 2007 AFP