[30/07/2007 08:29:54] TOKYO (AFP) Milieux d’affaires et analystes ont réagi nerveusement à la débâcle de la coalition conservatrice du Premier ministre Shinzo Abe lors des sénatoriales de dimanche au Japon, craignant une ère d’instabilité politique néfaste pour la deuxième économie mondiale. A la Bourse de Tokyo, l’indice Nikkei des valeurs vedettes a terminé la séance sur une légère hausse de 0,03%, une série de bons résultats d’entreprises ayant guéri au dernier moment la déprime des intervenants. Il est vrai aussi qu’une lourde défaite du camp gouvernemental avait été anticipée. Mais dans la journée, l’indice-phare du marché tokyoïte avait perdu jusqu’à 1,39%, également affecté par le recul de Wall Street. “A moyen terme, le marché ne va certainement pas bénéficier de ce changement de paysage politique”, redoute Hiromichi Shirakawa, économiste au Credit Suisse, qui s’attend à une instabilité sur les marchés pendant un mois ou deux. M. Abe a perdu le contrôle du Sénat au profit des centristes du Parti démocrate du Japon (PDJ), la principale force d’opposition. “Cela veut dire que le PDJ aura une influence plus grande sur la politique macro-économique. A mes yeux, ce n’est pas une bonne nouvelle. Je ne crois pas que les recettes économiques du PDJ soient les bonnes”, s’est désolé M. Shirakawa, en critiquant le soutien de l’opposition à une hausse des impôts. En dépit de son échec, le Premier ministre a réaffirmé lundi sa volonté de ne pas démissionner. Rien ne l’y oblige en effet puisque son Parti libéral-démocrate (PLD, droite) jouit jusqu’en 2009 d’une majorité écrasante à la Chambre des députés, qui élit le Premier ministre et a le dernier mot en matière législative.
Mais un Sénat tenu par l’opposition risque de retarder tout projet de loi par des débats interminables et des cascades d’amendements, menaçant le Japon de blocage institutionnel, avertissent les analystes. “L’incertitude politique va perdurer pendant au moins un an”, écrit Robert Feldman, économiste chez Morgan Stanley, dans une note à ses clients. “La capacité du Parlement à approuver des lois est amoindrie et les marchés en seront frustrés. Si le blocage se prolonge, la Bourse stagnera”, prévient-il. Les principales fédérations patronales japonaises mettent en garde contre un possible coup d’arrêt au processus de réformes budgétaires, fiscales et de la fonction publique, dont l’économie nippone a besoin pour conserver sa compétitivité alors que sa population vieillit. “Le gouvernement Abe a mis en route plusieurs réformes visant à accélérer la croissance économique”, a relevé le président du puissant syndicat patronal Nippon Keidanren, Fujio Mitarai. “J’espère que le résultat des élections ne ralentira pas le rythme des réformes”, a-t-il plaidé. “Les réformes ne devraient jamais être suspendues à une situation politique troublée ou bloquée”, a estimé de son côté l’Association japonaise des dirigeants d’entreprises dans un communiqué. “Nous sommes extrêmement inquiets d’une régression dans les réformes et d’un retour de la récession au Japon”, s’est alarmée l’Association. Sur le marché des changes, la devise nippone faisait preuve lundi d’une certaine résistance face au dollar. Mais “l’instabilité politique et un revers des réformes économiques auront probablement un impact négatif pour le yen” à moyen terme, prédit Toru Umemoto, analyste chez Barclays Capital. Selon lui, les turbulences politiques pourraient dissuader la Banque du Japon (BoJ) de relever les taux d’intérêt, comme certains lui en prêtaient l’intention cet été ou cet automne. Le loyer de l’argent au Japon est actuellement le plus bas du monde industrialisé (0,50%), ce qui encourage la fuite des capitaux hors de l’Archipel et la dépréciation continue du yen, et peut inciter à terme les entrepreneurs nippons à investir de façon excessive. |
||||
|