Le patron du groupe Roussneft, se disant “traqué” par les autorités, renonce à son poste

 
 
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Photo non datée du patron du groupe Roussneft Mikhaïl Goutseriev à Moscou (Photo : Dmitry Dukhanin)

[30/07/2007 18:33:45] MOSCOU (AFP) Le patron du groupe Roussneft, un important producteur russe de pétrole, a quitté son poste lundi et devrait céder ses parts à l’oligarque Oleg Deripaska au terme de ce qu’il dépeint comme une “traque sans précédent” par les autorités, qui rappelle la chute de Ioukos.

“J’ai pris la décision de quitter notre entreprise. Je cède le contrôle du holding à un nouveau propriétaire avec qui il est certain que tous les problèmes seront résolus progressivement”, écrit Mikhaïl Goutseriev dans cette lettre à ses salariés, parue dans le journal de l’entreprise il y a quelques jours, et publiée par le quotidien Vedomosti de lundi.

“On m’a proposé de quitter le secteur pétrolier à l’amiable. J’ai refusé. Alors, afin de me rendre plus docile, la compagnie a été soumise à une traque sans précédent”, indique-t-il.

“L’attaque a commencé dans toutes les directions”, souligne-t-il. Le groupe fait l’objet de plusieurs enquêtes, notamment du parquet général pour “activités illégales” de ses filiales, et du ministère de l’Intérieur pour non paiement des impôts.

M. Goutseriev et certains de ses collaborateurs ont eux aussi été accusés de fraude fiscale et d’activités illégales. Enfin, le fisc conteste certaines transactions du groupe, raconte le patron démissionnaire dans sa lettre.

Roussneft a confirmé dans un communiqué lundi le départ de son patron qui “suspend” son activité d’entrepreneur et entend désormais se consacrer “à des activités scientifiques en Russie”.

Le contrôle du groupe devrait à présent passer rapidement aux mains du holding Basic Element, propriété du milliardaire Oleg Deripaska.

Une demande en ce sens a été déposée auprès du service antimonopole, ont indiqué les deux groupes. Sa réponse est attendue d’ici à un mois.

Plusieurs chiffres circulent dans la presse quant au montant de la future transaction, s’échelonnant entre 6 et 9,6 milliards de dollars, dont environ 3 milliards reviendraient à M. Goutseriev. L’acheteur devra également éponger une dette de 2,8 milliards de dollars et des arriérés fiscaux de près de 800 millions de dollars, selon Vedomosti.

Roussneft se classe parmi les dix plus importantes entreprises russes de production de pétrole : elle a extrait l’an dernier 17 millions de tonnes de pétrole et ses réserves récupérables sont évaluées à 630 millions de tonnes.

L’affaire, qui fait lundi les gros titres de la presse économique, rappelle à bien des égards la débâcle de l’empire de Mikhaïl Khodorkovski, l’ancien numéro un du pétrole Ioukos, dont les vestiges doivent être cédés aux enchères d’ici à deux semaines, au terme d’une descente aux enfers qui aura duré quatre ans.

Les deux affaires sont d’ailleurs liées, relève Kommersant, qui souligne que les ennuis de Roussneft sont devenus “chroniques” à partir du moment où le groupe a acquis la moitié d’un gisement de Ioukos, l’an dernier.

Comme Khodorkovski, Goutseriev peut se prévaloir de la réussite de son affaire (son activité, créée à partir de rien, a décuplé en cinq ans, selon lui). Et comme le patron déchu, Goutseriev avait ouvertement fait part de ses ambitions politiques, rappelle Kommersant.

“Si Goutseriev avait continué à résister, il aurait connu le même sort que Khodorkovski”, actuellement emprisonné, estime le député d’opposition Guennadi Seleznev, cité par Vedomosti. Quant au groupe lui-même, “je n’exclus pas que ses actifs se trouvent aujourd’hui chez Deripaska et demain chez Rosneft”, souligne-t-il.

 30/07/2007 18:33:45 – © 2007 AFP