La France persiste et signe dans son combat pour un contrepoids à la BCE

 
 
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Le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Jean-Pierre Jouyet, à l’Elysée, le 13 juin 2007 (Photo : Thomas Coex)

[31/07/2007 18:38:42] PARIS (AFP) La France persiste et signe, par la voix du secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Jean-Pierre Jouyet, dans sa volonté d’obtenir un plus grand poids des gouvernements face à la BCE, malgré son isolement sur ce sujet face aux autres pays de la zone euro.

Devant la Commission des finances de l’Assemblée, M. Jouyet a souhaité mardi “élargir” un dialogue avec la Banque centrale européenne (BCE) qui lui semble parfois “réducteur”.

Il a jugé que les pays de la zone euro devaient avoir un “dialogue normal” avec la BCE “pour savoir si, au regard d’un diagnostic économique partagé, la situation des changes appelle des corrections” ou pas.

Il a rappelé qu’un tel dialogue est prévu dans l’article 111 du traité de Maastricht, ajoutant que la zone euro devait avoir les moyens de “réagir de manière appropriée” en matière de changes.

Une allusion tacite à de possibles interventions de la BCE et des déclarations coordonnées de l’Eurogroupe, qui rassemble les ministres des Finances de la zone euro.

M. Jouyet a également estimé que “des questions d’intérêt commun tels que des écarts d’inflation” ou “des retards de compétitivité d’un pays à un autre” devraient pouvoir être abordées au sein de l’Eurogroupe avec la BCE qui assiste à ces réunions.

M. Jouyet a aussi fustigé la “volatilité des changes” et les “monnaies administrées” en Asie, à l’instar du yuan chinois, dont la valeur ne reflète pas, selon lui, leur poids économique.

L’euro a atteint des sommets historiques ces dernières semaines face au dollar à plus de 1,38 dollar, battant également record sur record face au yen.

Si M. Jouyet a répété mardi que “personne en France ne remettait en cause l’indépendance de la Banque centrale”, il avait déclaré le 18 juillet à l’International Herald Tribune que “l’on peut influer sur les décisions de la BCE” en ayant au sein de l’Eurogroupe “une discussion plus ouverte sur les motivations qui sont derrière les décisions de politique monétaire”.

Depuis son arrivée au gouvernement, M. Jouyet développe la même argumentation, dans la continuité de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.

Ce dernier a fait des critiques contre la politique de la Banque centrale européenne et l’euro fort l’un de ses chevaux de bataille, jugeant qu’elle se focalise trop sur la lutte contre l’inflation aux dépens de la croissance.

Il a notamment demandé à la ministre de l’Economie Christine Lagarde, dans sa lettre de mission le 11 juillet, de tenter de “parvenir à un gouvernement économique (…) de la zone euro”, en renforçant l’action de l’Eurogroupe.

Un peu plus discret sur ce dossier aujourd’hui, M. Sarkozy semble laisser Jean-Pierre Jouyet prendre l’avant-garde de ce combat.

L’une des personnalités socialistes appelées à participer au gouvernement UMP de François Fillon, M. Jouyet fut directeur adjoint du cabinet de Lionel Jospin à Matignon et ancien bras droit de Jacques Delors à la Commission européenne, d’où une forte crédibilité européenne.

Mais la bataille est rude, car la France est très isolée dans ses attaques sur la BCE et le niveau de l’euro.

De fait, si la France accuse la monnaie de plomber ses exportations et d’encourager les délocalisations, plusieurs autres pays de la zone euro comme l’Irlande, l’Autriche et surtout l’Allemagne affichent un commerce extérieur florissant malgré la vigueur de l’euro.

Et Berlin, pour qui la lutte contre l’inflation est une priorité absolue, défend becs et ongles la BCE et son indépendance.

 31/07/2007 18:38:42 – © 2007 AFP