[01/08/2007 21:17:52] NEW YORK (AFP) Le magnat des médias Rupert Murdoch, qui contrôle le groupe News corp., s’est offert le groupe Dow Jones pour 5 milliards de dollars, ont confirmé les deux groupes dans la nuit de mardi à mercredi, après l’aval de la famille actionnaire Bancroft. “Selon les termes de l’accord, qui a été approuvé par le conseil d’administration des deux sociétés, les actionnaires de Dow Jones seront amenés à recevoir 60 dollars en numéraire pour chaque action du lot commun et action du lot commun de classe B qu’ils possèdent”, a indiqué Dow Jones dans un communiqué publié sur son site internet. Ce dénouement survient après trois mois de débats qui ont profondément divisé les Bancroft, famille qui contrôle Dow Jones et le Wall Street Journal depuis plus d’un siècle. Une partie de la famille s’opposait à l’accord au nom des menaces qui pesaient sur l’intégrité des publications de Dow Jones si elles devaient être rachetées par un groupe d’information généraliste et de divertissement.
Mais Murdoch a consenti à ce qu’un comité indépendant constitué de cinq membres soit chargé “d’assurer l’intégrité et l’indépendance journalistiques et éditoriales des publications et services de Dow Jones”, ont expliqué les deux sociétés. Les plus réfractaires ont campé sur leurs positions jusqu’au bout mais mardi, une branche de la famille représentant 9,1% des droits de vote a changé de camp, finalement convaincue de l’opportunité de l’offre de Murdoch. Cette branche basée à Denver a fait basculer la balance du côté du minimum des 30% d’actionnaires de la famille prêts à soutenir l’offre de Murdoch. “Notre fervent espoir est que dans les années à venir, le Wall Street Journal continue à bénéficer, et à mériter l’admiration universelle et le respect qui lui échoient à travers le monde”, a déclaré la famille dans un communiqué. Rupert Murdoch, 76 ans, a exprimé sa gratitude envers les Bancroft qui ont soutenu son offre, et reconnu “combien cette décision était difficile” pour certains membres de la famille. “Je veux offrir aux Bancroft mes remerciements, et l’assurance que notre société et notre famille seront avec autant de force des gardiens” de la tradition de Dow Jones, a ajouté M. Murdoch.
La famille Bancroft détient dans son ensemble 64% des droits de vote de Dow Jones et 24% des actions. Mais seuls 30% de droits de vote favorables chez les Bancroft suffisaient au magnat de la presse pour réussir, sachant que le reste des actionnaires est plutôt favorable. Au-delà des débats passionnés sur l’indépendance éditoriale de Dow Jones et du Wall Street Journal, l’argument financier aura primé. La branche de Denver faisait en effet partie des quelques membres de la famille et des conseillers financiers qui souhaitaient que Murdoch relève son offre. Mais ce dernier a refusé à plusieurs reprises de faire monter les enchères, alors que sa proposition de 60 dollars par action représentait déjà une prime de plus de 65% sur le cours de Bourse de Dow Jones avant l’annonce de l’offre, début mai. Face aux débats s’éternisant chez les Bancroft, Murdoch a menacé de jeter l’éponge lundi soir. Mais il a bénéficié d’un élément apparemment décisif, qui s’est doublé d’un nouvel argument de négociation mardi: la prise en charge par News Corp, en cas de rachat de Dow Jones, des quelque 30 millions de dollars de frais d’avocats et de conseils de la famille Bancroft sur le dossier. Pour News Corp, surtout présent dans la presse écrite au Royaume-Uni et en Australie, l’opération va permettre de se déployer aux Etats-Unis, où il possède déjà le quotidien New York Post. News Corp, groupe façonné par la personnalité de Murdoch –acquisitions à l’instinct, pas toujours réussies, comme pour Direct TV–, détient aujourd’hui le tabloïd britannique The Sun, la chaîne de télévision Fox News ou encore les studios de 20th Century Fox et le site de socialisation MySpace. Rupert Murdoch n’a pas été très loquace jusqu’ici sur ses projets précis pour les actifs de Dow Jones, mais il a fait savoir dans les grandes lignes qu’il compte développer l’information en ligne, doper les recettes publicitaires du Wall Street Journal, et profiter de la présence internationale de News Corp pour accroître la présence du quotidien en Europe et en Asie, pour mieux rivaliser avec le Financial Times. Aux Etats-Unis, Murdoch aurait également l’ambition de développer des informations politiques et générales pour le Wall Street Journal, afin que le quotidien rivalise plus directement avec de grands généralistes comme le New York Times. |
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