Le BTP français confronté à la rude concurrence chinoise en Afrique

 
 
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Le chantier du nouveau palais présidentiel à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire, financé par la Chine, le 3 janvier 2007 (Photo : Kambou Sia)

[02/08/2007 07:00:32] PARIS (AFP) Historiquement présentes dans les pays d’Afrique de l’ouest, les entreprises françaises de travaux publics doivent aujourd’hui faire face à des compagnies chinoises d’autant plus offensives qu’elles s’affranchissent souvent des règles habituelles de concurrence.

Arrivées il y a une trentaine d’années dans le cadre de la coopération sino-africaine, les entreprises chinoises remportent de plus en plus de chantiers de travaux publics sur le continent depuis deux ans en répondant aux appels d’offre avec des prix environ 30% inférieurs aux autres entreprises.

Ces prix s’expliquent par le très bas coût de la main d’oeuvre chinoise que les entreprises font venir sur les chantiers, mais aussi par les aides gouvernementales dont elles peuvent bénéficier, ce qui fausse les règles de concurrence, dénoncent les professionnels français.

“La compétition ne nous fait pas peur”, affirme Hervé Ronot, directeur général délégué de Sogea-Satom, filiale africaine du groupe Vinci. “A condition que les règles du jeu soient respectées et, très souvent, les entreprises chinoises ne les respectent pas”, accuse-t-il.

Certains professionnels dénoncent des conditions de travail incompatibles avec les normes européennes, au niveau des salaires, du logement ou de la sécurité sur les chantiers. Sont mis en cause également les délais pas toujours respectés et la qualité des travaux effectués.

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Louis Michel à Bruxelles le 2 mai 2007 (Photo : Gerard Cerles)

Dans un discours prononcé devant le Forum des affaires UE-Afrique, le 22 juin à Accra au Ghana, Louis Michel, commissaire européen au Développement et à l’aide humanitaire, a soulevé le problème.

“Ayons une discussion sans tabou sur cette question là (…) des appréhensions se font jour vis-à-vis de l’attitude chinoise”, a-t-il plaidé.

Notamment du côté des bailleurs de fonds internationaux qui jusqu’à présent attribuaient les chantiers aux entreprises les mieux-disantes, uniquement sur un critère de coût. Selon M. Ronot, ils commencent à prendre conscience de la situation et des “exigences nouvelles” qui devraient désormais être liées aux appels d’offres.

Les cahiers des charges vont imposer notamment que la compétition ne soit pas ouverte à des entreprises étatiques – susceptibles d’obtenir des aides gouvernementales faussant la concurrence – et que le personnel, autre que l’encadrement, soit recruté localement.

Pour leur part, les entreprises françaises assurent déjà la formation de cadres locaux, offrent des bourses à des étudiants et mettent en place des incitations pour faire revenir dans leur pays des ingénieurs africains.

Outre Sogea Satom, deux autres groupes français de BTP sont présents en Afrique: Eiffage, via sa filiale Fougerolle et Colas, filiale du groupe Bouygues. Il y a aussi des entreprises portugaises, italiennes et plus récemment marocaines, tunisiennes et turques pour des barrages.

M. Michel les a toutes encouragées à “inventer (leurs) propres modèles qui sont une offre alternative à l’hyper-flexibilité des Chinois”. Mais il a aussi estimé que les entreprises chinoises vont devoir “s’insérer dans des standards acceptables”.

 02/08/2007 07:00:32 – © 2007 AFP