La crise immobilière américaine sème un vent de panique en Allemagne

 
 
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Le siège de la Deutsche Industriebank (IKB), le 2 août 2007 à Berlin (Photo : Barbara Sax)

[02/08/2007 16:52:00] FRANCFORT (AFP) Les appels au calme lancés par les responsables du secteur financier allemand n’ont servi à rien: la crainte que la crise immobilière américaine contamine l’Allemagne continuait à grandir jeudi, comme en témoigne l’effondrement en Bourse de la banque IKB.

L’action de la Deutsche Industriebank (IKB), spécialisée dans le financement des petites et moyennes entreprises, dévissait de près de 40% à Francfort sur l’indice des valeurs moyennes MDax. Elle avait déjà perdu plus de 20% lundi, après avoir averti qu’elle ne remplirait pas ses objectifs de résultats sur son exercice décalé 2007/2008. Et son patron, Stefan Ortseifen, a pris la porte.

La raison invoquée: la crise du marché “subprime” américain, qui regroupe les prêts consentis aux emprunteurs les plus faibles, où IKB est active via des portefeuilles d’investissement.

La réaction du gouvernement a été immédiate: dès dimanche, une conférence téléphonique de crise a réuni entre autres le ministre des Finances, le social-démocrate Peer Steinbrück, le président du gendarme boursier allemand Bafin, Jochen Sanio, et Ingrid Matthäus-Maier, qui dirige la banque publique KfW.

Ils ont décidé de voler au secours d’IKB. Une faillite de cette banque fondée en 1924 aurait des conséquences graves pour l’ensemble du secteur financier en Allemagne, avec un risque d’effet domino sur d’autres banques mais aussi pour les entreprises, étant donné le rôle essentiel joué par l’établissement de Düsseldorf (ouest) pour les PME.

Jochen Sanio aurait déclaré que l’Allemagne était “menacée de sa plus grave crise financière depuis 1931” si IKB n’était pas sauvée, selon la presse allemande.

Pour écarter tout danger, la KfW, bras financier de Berlin, a accordé mardi une ligne de crédit de 8,1 milliards d’euros à IKB, dont elle est actionnaire à hauteur de 38%. Un de ses hommes, Günther Bräunig, a pris la tête de la banque en difficultés.

Et jeudi, la KfW a encore promis jusqu’à un milliard d’euros supplémentaires.

IKB a indiqué dans un communiqué qu’elle disposait ainsi de réserves de liquidité de 12 milliards d’euros, lui permettant de couvrir ses besoins pour les 12 mois à venir.

Tout le secteur financier s’est mobilisé pour mettre à disposition d’IKB 3,5 milliards d’euros supplémentaires en cas de besoin. Les banques privées apporteront 15% de cette somme, soit environ 500 millions d’euros, a précisé jeudi le président de la Fédération des banques privées (BdB), Manfred Weber.

Le reste sera financé à 70% par la KfW et 15% par des établissements publics, selon une source financière.

Et les responsables du secteur se sont efforcés de calmer le jeu. “Je tiens les spéculations sur la menace d’une crise bancaire pour infondées”, a fait savoir jeudi M. Weber.

Le président de la banque centrale allemande (Bundesbank), Axel Weber, a estimé que “l’exposition des banques allemandes est calculable et dans l’ensemble limitée”.

Mais la nouvelle dégringolade de l’action IKB jeudi a prouvé que ces initiatives n’avaient pas eu l’effet souhaité. L’incertitude règne sur l’importance des pertes que la banque pourrait subir. Selon des sources financières, elles pourraient atteindre 3,5 milliards d’euros, mais il n’est pas exclu qu’elles soient encore plus importantes.

Et l’initiative de Berlin a fait grincer des dents dans la classe politique. “Une banque d’Etat doit limiter ses fonctions aux subventions et pas s’immiscer dans le secteur concurrentiel”, a critiqué Otto Bernhardt, expert en fiscalité du parti conservateur CDU, en parlant de la KfW.

La Commission européenne suit également le dossier de près, a fait savoir une porte-parole contactée par l’AFP à Bruxelles. Elle veut s’assurer que le soutien apporté à IKB ne constitue pas une aide d’Etat déguisée.

 02/08/2007 16:52:00 – © 2007 AFP