Trichet appelle les monnaies des pays émergents en Asie à s’apprécier

 
 
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Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, le 21 mars 2007 au Parlement européen à Bruxelles (Photo : Gerard Cerles)

[03/08/2007 08:58:03] PARIS (AFP) Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a appelé vendredi le yuan et l’ensemble des monnaies asiatiques des pays émergents” à s’apprécier, répétant aussi la “grande probabilité” d’une hausse de taux d’intérêt en septembre.

Il a par ailleurs jugé le dialogue entre son institution et l’exécutif européen “très bien organisé”, faisant ainsi allusion aux récentes déclarations françaises en faveur d’un plus grand poids des gouvernements de la zone euro face à la banque centrale.

La “monnaie chinoise et l’ensemble des monnaies asiatiques des pays émergents en Asie doivent être plus flexibles et plus souples”, a ainsi déclaré M. Trichet sur Europe 1, ajoutant que ces monnaies “doivent pouvoir s’apprécier lorsque les marchés les (y) poussent”.

Il répondait à une question sur le niveau élevé de l’euro, laissant ainsi entendre que la monnaie européenne n’est pas surévaluée mais que certaines monnaies asiatiques sont artificiellement sous-évaluées.

L’euro a enregistré la semaine dernière un nouveau record historique à 1,3852 dollar, et s’est depuis un peu replié.

M. Trichet a par ailleurs indiqué comme il l’a déjà fait jeudi que la BCE était “dans une position de forte vigilance, ce qui est interprété par l’ensemble des observateurs comme voulant dire qu’il y a une assez grande probabilité” pour qu’elle décide de relever ses taux d’intérêt “lors de (sa) prochaine réunion” en septembre.

Il a également répété que la BCE prend ses “décisions en temps réel, au moment de la réunion, sur la base des informations” dont elle dispose “à ce moment-là”.

Ce dialogue entre l’institut monétaire et l’exécutif européen “est organisé de manière scrupuleuse, notariale par le Traité” de Maastricht, a-t-il insisté, martelant que la BCE entendait appliquer “tout le Traité et naturellement rien que le Traité”.

“Je vois les exécutifs (européens) trois fois par mois et le Parlement (européen) au moins cinq fois par an”, a-t-il argumenté.

“Je suis président d’une institution qui est indépendante, dont l’indépendance est essentielle en termes de crédibilité, et donc la crédibilité est essentielle pour permettre à la croissance d’être durable”, a-t-il poursuivi, rappelant que Nicolas Sarkozy “a dit lui-même qu’il n’entendait pas toucher à l’indépendance” de la BCE.

Jean-Claude Trichet répondait à des questions sur les propos tenus mardi par le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Jean-Pierre Jouyet, qui appelait à “appliquer le traité européen dans son ensemble”, référence à l’article 111 du Traité de Maastricht.

Ce texte donne à la BCE la mission de “conduire les opérations de change”, notamment des interventions, mais octroie également aux gouvernements européens la tâche de “formuler les orientations générales de politique de change”.

M. Jouyet avait aussi jugé “important qu’il y ait un dialogue normal” avec la BCE “pour savoir si au regard d’un diagnostic économique partagé, la situation des changes appelle des corrections” ou non. Il avait ajouté que la zone euro devait pouvoir “réagir” en matière de changes.

Il avait souhaité “élargir” un dialogue avec la BCE jugé parfois “réducteur”.

M. Jouyet reprenait ainsi la rhétorique développée dès sa campagne électorale par Nicolas Sarkozy, qui a fait des critiques contre la BCE et l’euro fort des chevaux de bataille.

 03/08/2007 08:58:03 – © 2007 AFP