La Bourse de Paris guettera de nouveaux soubresauts sur le marché du crédit

 
 
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Le palais Brongniart, place de la Bourse à Paris (Photo : Jean-Pierre Muller)

[04/08/2007 10:33:26] PARIS (AFP) Toujours suspendue aux turbulences sur le marché du crédit, la Bourse de Paris surveillera la semaine prochaine d’éventuels signes d’extension de cette crise et guettera la réaction de la Réserve fédérale américaine (Fed) à la remontée des risques financiers.

Sur la semaine écoulée, le CAC 40 a subi de violentes fluctuations d’un jour sur l’autre, dans des volumes d’échanges très élevés, pour finalement céder 0,82% à 5.597,89 points, et ramener à 1,01% sa progression depuis le 1er janvier.

Les inquiétudes entourant l’immobilier américain et son impact sur le secteur financier sont restées au premier plan, comme depuis le début de l’été, occultant une salve de résultats de sociétés pourtant globalement salués par les analystes.

L’augmentation des impayés sur les emprunts hypothécaires à risque aux Etats-Unis (“subprime mortgages”), révélée fin février, a fait cette semaine ses premières victimes en Europe et a déclenché une nouvelle correction des Bourses mondiales.

La banque allemande IKB a passé lundi un avertissement sur ses résultats annuels et la britannique HSBC a fortement relevé ses provisions pour créances douteuses, suscitant une défiance générale envers les valeurs bancaires.

Le lendemain, l’effondrement à Wall Street d’un organisme de refinancement de prêts hypothécaires, American Home Mortgage, a fait plonger les marchés et a confirmé l’extension de la crise du crédit hors du segment des “subprimes”, selon le courtier Aurel Leven.

“Les craintes liées au marché immobilier américain se sont propagées à d’autres classes d’actifs et à d’autres régions du monde, avec une série de conséquences pour la sphère financière”, ont renchéri les économistes du Crédit Agricole.

Pour Aurel Leven, le durcissement des conditions de financement risque à la fois d’assécher les marchés en liquidités et de compromettre les opérations de nature à soutenir les cours, notamment les rachats par endettement (LBO) qui s’accompagnaient de fortes primes aux actionnaires.

Le ralentissement des LBO devrait par ailleurs toucher les grandes banques, en limitant leurs commissions ou en les obligeant à verser des pénalités si elles se retirent de certaines opérations jugées trop risquées.

“Ainsi, les banques Citigroup, Goldman Sachs et Lehman Brothers seraient sur le point de payer un milliard de dollars de dédommagement” pour pouvoir sortir du projet de rachat de l’électricien TXU par les fonds KKR et Texas Pacific Group, explique Aurel Leven.

Toutefois, les stratégistes de Natixis jugent que la morosité boursière “ne constitue pas un retournement de tendance”, mais seulement un réajustement “logique après l’achat massif de risque des derniers mois et la frénésie des fusions-acquisitions”.

Même analyse pour le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, qui a interprété la nervosité des marchés comme “une normalisation de l’appréciation des risques”, qu’il appelait d’ailleurs de ses voeux depuis plusieurs mois.

Les investisseurs attendent désormais la réaction de son homologue américain, Ben Bernanke, alors que “la Fed s’est peu inquiétée jusqu’ici de l’agitation sur le front financier, se montrant plus préoccupée par les risques d’inflation”, selon Patrick Jacq, stratégiste chez BNP Paribas.

“Cependant, les turbulences boursières (…) et le recul de l’inflation de base devraient inciter la Fed à publier un communiqué plus accommodant” que les précédents, au terme de la réunion mardi de son comité de politique monétaire, a estimé M. Jacq.

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 04/08/2007 10:33:26 – © 2007 AFP