Le
secteur des cliniques privées en Tunisie représente certainement un secteur
de poids dans le pays. On compte à l’heure actuelle près de 80 cliniques sur
tout le territoire tunisien.
Un
mois après la mise en place du nouveau système d’assurance maladie,
concrétisé par la création de la CNAM, nous sommes partis à la rencontre du
Dr Boubaker Zakhama, président de la chambre syndicale des établissements
sanitaires privés pour nous fournir d’amples informations sur le duo
«secteur privé – CNAM».
Webmanagercenter : Le nouveau système d’assurance maladie est entré
en vigueur le 1er juillet 2007. En ce moment important, comment se porte le
secteur des cliniques privées en Tunisie ?
Dr Boubaker Zakhama : Le secteur des cliniques privées comprend
actuellement environ 80 cliniques, dont les 2/3 sont des cliniques
multidisciplinaires et le 1/3 des cliniques monodisciplinaires.
Ces cliniques sont réparties sur le territoire tunisien mais la grande
concentration se trouve dans la capitale, puis à Sfax ; ensuite on trouve un
autre pôle au Cap Bon, et enfin au Sahel.
Le secteur joue un rôle de plus en plus important dans la prestation des
soins dans le secteur libéral et prend en charge les malades dans leurs
pathologies globales. Ce secteur offre une médecine de qualité.
Le secteur des cliniques privées a permis à notre pays de rayonner à
l’extérieur et de prendre une place de plus en plus grande dans
l’exportation des soins vers des malades qui proviennent d’Afrique et
essentiellement de la Libye, et de plus en plus de l’Afrique noire.
Concernant la mise en place du nouveau système d’assurance maladie, qui a
démarré le 1er juillet, il convient de noter que la CNAM prend actuellement
en charge les maladies que ce soit dans le secteur public ou privé. Mais il
faut relever que l’ouverture est prudente pour le secteur privé.
Il y a une liste de pathologies pour lesquelles l’assuré social peut
bénéficier de la prestation de soins dans le secteur libéral. Cette liste
est progressive.
Qu’en est-il de la tarification ?
Nous avons discuté et travaillé depuis longtemps avec la CNAM pour pouvoir
proposer une tarification à la faveur de l’assuré social et ce afin de lui
permettre de profiter pleinement des services de soin dans le secteur
libéral moyennant une tarification qui a été révisé à son profit.
Les négociations se sont déroulées dans des conditions excellentes et nous
sommes arrivés à signer une convention sectorielle.
Il faut signaler que nous avons deux avenants ; le premier concerne la prise
en charge des patientes pour ce qui est grossesse et accouchement (normal ou
par césarienne) ; le deuxième volet concerne le reste des pathologies et
surtout celles chirurgicales.
L’entrée en vigueur de
la CNAM peut-elle contribuer à dynamiser le secteur avec l’arrivée de
nouveaux investisseurs ?
L’ouverture de la CNAM vers le secteur privé va lui permettre de se
développer mais ce développement ne peut être que prudent parce
qu’actuellement dans les cliniques (avant la CNAM), le taux de remplissage
va de 40 à 60%, selon les régions, donc il y a déjà un espace à remplir
avant de s’engager à développer ce secteur.
Le développement ne peut être que progressif et prudent étant donné que
l’investissement dans le secteur est très cher.
Un mois après l’entrée
en vigueur du nouveau système d’assurance maladie, comment jugez-vous le
nombre et le rythme des adhésions des médecins à la CNAM ?
L’adhésion des médecins se fait de plus en plus et elle va s’élargir
certainement. Reste qu’avec les médecins spécialistes, il y a quelques
petits litiges qui sont surmontables, je pense, et qui devraient être
résolus d’ici quelques temps afin de permettre à tous les médecins tunisiens
d’adhérer à la CNAM.
Quels sont ces litiges ?
Les honoraires, essentiellement pour les médecins spécialistes. Ces médecins
souhaiteraient bien que les honoraires soient dans le cadre de la fourchette
syndicale (25 DT-35 DT), c’est-à-dire que le médecin soit libre de fixer ses
honoraires selon sa notoriété, son ancienneté, son expérience… Il faudrait
lui donner la liberté de travailler dans cette fourchette là,
malheureusement la CNAM propose une tarification fixe pour tous les
spécialistes…
Pourquoi ne pas
appliquer une tarification unique pour la même intervention dans les
différentes cliniques ?
La tarification appliquée diffère d’une clinique à une autre parce qu’il
faut tenir compte de l’équipement de chaque clinique, du niveau de sécurité
qui diffère aussi, de la qualité des services offerts… Donc, on ne peut pas
imposer un tarif fixe et unique.
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((*)
président de la chambre syndicale des établissements sanitaires privés.