Cerberus met à la tête de Chrysler l’ex-PDG controversé de Home Depot

 
 
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Bob Nardelli, nouveau patron de Chrysler, le 6 août 2007 au siège du groupe à Auburn Hills, au Michigan (Photo : Bill Pugliano)

[06/08/2007 16:54:12] NEW YORK (AFP) Le nouveau propriétaire de Chrysler, le fonds Cerberus, a choisi l’ex-PDG du groupe de bricolage Home Depot pour diriger le constructeur automobile, Bob Nardelli, qui a fait couler beaucoup d’encre au sujet du montant astronomique de ses émoluments et indemnités de départ.

L’annonce impromptue de la nomination d’un nouveau PDG chez Chrysler a été faite lundi depuis l’Allemagne par DaimlerChrysler, qui conserve 19,9% du troisième constructeur automobile américain après en avoir cédé 80,1% à Cerberus.

Cette nomination est une surprise autant qu’un camouflet pour celui qui était jusqu’ici le patron de Chrysler, le Canadien Tom LaSorda, un vétéran de l’automobile américaine qui a été rétrogradé au poste de vice-président.

Le changement d’organigramme se double aussi d’une réduction du conseil d’administration à six membres, à la défaveur de trois ténors du constructeur, dont Tom LaSorda.

Le choix d’un PDG étranger au secteur automobile est un message fort du changement de culture souhaité chez Chrysler, annoncé seulement trois jours après le transfert effectif de 80,1% du capital à Cerberus.

Mais le nouveau PDG n’appartient pas à la catégorie des capitaines d’industrie au parcours sans remous.

“Nardelli a démissionné de Home Depot à la suite de violentes critiques sur son salaire et ses bonus alors que le cours de Bourse est parti à la dérive” pendant ses six années de règne, rappelle Jeffrey Ham, analyste du site financier Briefing.com.

Bob Nardelli a rendu son poste en janvier, cédant aux foudres des actionnaires contre ses compensations de plus de 120 millions de dollars perçues pendant cinq ans. Il détient aussi le record absolu des “golden parachutes”, ayant empoché 210 millions de dollars à son départ de Home Depot.

En six ans, Nardelli a certes plus que doublé le chiffre d’affaires de Home Depot. Mais son bilan est aussi celui d’un manager autoritaire et malhabile avec les actionnaires.

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Le nouveau patron de Chrysler Bob Nardelli et son prédécesseur Tom LaSorda à Auburn Hills le 6 août 2007 (Photo : Bill Pugliano)

Parmi les anecdotes les plus parlantes figure sa dernière assemblée générale, en 2006, où Nardelli a limité à 30 minutes, chronomètre en main, ses échanges avec des actionnaires très remontés, et refusé de rendre des comptes sur ses bonus. Seul un tiers des actionnaires avait alors approuvé sa réélection.

Sa nomination chez Chrysler est vue par certains comme sa seule reconversion possible, puisque le constructeur automobile va être retiré de la Bourse –Cerberus n’est pas coté– et sera donc exempt de transparence vis à vis des actionnaires.

Cerberus pour sa part n’est pas inquiet de la mauvaise image de Nardelli, selon des sources proches du dossier citées par le Wall Street Journal, estimant que l’ex-PDG n’a fait qu’empocher des indemnités prévues par son contrat, et qu’il sera par ailleurs rémunéré chez Chrysler en fonction des performances du groupe.

Plus globalement, les changements chez Chrysler sont bien perçus par le marché. Ils interviennent dans un contexte où les trois constructeurs américains Chrysler, GM et Ford ont reculé en juin sous les 50% de parts du marché américain, les restructurations des trois groupes ne portant pas encore leurs fruits (-13.000 emplois et 3 milliards d’investissements dans de nouveaux moteurs chez Chrysler).

“A ce jour, Chrysler n’a pas vraiment réussi à se redresser. En tant que groupe non coté, Chrysler sera dégagé des attentes de court-terme du marché, ce qui permettra à sa direction d’avoir le champ libre pour la restructuration”, estime Jeffrey Ham.

Le scénario d’un patron musclé nommé pour remanier une stratégie jugée faiblarde fait écho à l’histoire récente de Ford, qui a choisi pour PDG Alan Mulally, connu pour avoir redressé l’aviation commerciale de Boeing.

 06/08/2007 16:54:12 – © 2007 AFP