Le président brésilien à Mexico : une rivalité pour le leadership latinoaméricain

 
 
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Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva à son arrivée à Mexico le 5 août 2007 (Photo : Alfredo Estrella)

[06/08/2007 06:59:32] MEXICO (AFP) Le Brésil et le Mexique, les deux poids lourds de l’Amérique latine et membres du G8+5, se disputent discrètement le leadership économique et politique de la région, sans confrontation.

cLa visite du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, lundi à Mexico, intervient alors que son homologue conservateur Felipe Calderon fait preuve d’ambitions en Amérique latine et veut rompre avec l’image d’allié privilégié des Etats-Unis, son principal partenaire économique.

“Il y a toujours eu une rivalité entre le Mexique et le Brésil. Elle s’est manifestée par exemple quand le Brésil a cherché à obtenir un siège permanent au conseil de sécurité des Nations unies, ce que Mexico n’a pas apprécié, car si un autre pays (latino-américain) peut y prétendre, c’est le Mexique”, selon l’analyste et écrivain mexicain Sergio Sarmiento.

Le Mexique ne veut surtout pas que le Brésil soit le représentant de l’Amérique latine dans le reste du monde. “Le Mexique cherche à empêcher plutôt qu’à exercer”, estime pour sa part l’ancien ministre mexicain des Affaires étrangères (2000-2003) Jorge Castaneda, dans un entretien avec l’AFP.

Alors que le Brésil est plus présent sur la scène internationale, et participe par exemple aux opérations de maintien de la paix, le Mexique est victime en terme de projection de sa tradition de neutralité politique.

“C’est une rivalité plus qu’une compétition, il y a peu d’endroits ou de thèmes sur lesquels les deux pays s’affrontent”, précise Castaneda.

Chacun des deux pays a son pré carré: l’Amérique du sud pour le Brésil, l’Amérique centrale et une relation bilatérale particulière avec les Etats-Unis pour le Mexique. Toute intrusion est malvenue.

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Le président méxicain Felipe Calderon (d), la présidente chilienne Michelle Bachelet et le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, le 3 mars 2007 à Georgetown, en Guyane

Sergio Sarmiento souligne que “le Brésil a toujours vu comme une menace les tentatives du Mexique de renforcer ses relations commerciales avec l’Amérique du sud”, notamment avec les autres pays membres du Mercosur (Marché commun d’Amérique du sud) et le Chili.

D’ailleurs, une éventuelle adhésion de Mexico au Mercosur n’est pas à l’ordre du jour de la visite du président brésilien à Mexico. “Il y a un obstacle technique qui bloque l’entrée du Mexique”, a déclaré mardi un conseiller de Lula pour Marco Aurelio Garcia, en faisant référence à l’Alena (l’Accord nord-américain de libre-échange USA-Canada-Mexique).

D’un point de vue économique, le Mexique et le Brésil sont au coude à coude en terme de PIB.

Le Brésil, avec son économie dynamique et diversifiée, est en plein essor, face à un Mexique qui mise sur une manne pétrolière dont les réserves se réduisent, les “remesas” (envois d’argent de la diaspora, notamment des Etats-Unis), le tourisme et la production industrielle d’entreprises étrangères à destination des Etats-Unis.

“Le Brésil a une économie plus forte. En ce moment, l’économie brésilienne est plus importante, mais le revenu par habitant est plus élevé au Mexique”, selon Sergio Sarmiento.

Le Brésil est la deuxième puissance démographique du continent (186 millions d’habitants), mais le Mexique compte sur un potentiel de 106 millions avec pour débouché naturel à sa frontière nord, le premier marché du monde.

Dans un entretien au quotidien mexicain Reforma, l’ambassadeur du Brésil à Mexico Ivan Oliveira écarte toute rivalité entre les deux puissances latino-américains mais reconnait “des différences d’opinion”.

 06/08/2007 06:59:32 – © 2007 AFP