[06/08/2007 17:39:31] UTRECHT (AFP) Les actionnaires du groupe de bancassurance Fortis ont donné lundi leur feu vert définitif à l’offre d’achat émise –avec Royal Bank of Scotland et Santander– sur son rival néerlandais ABN Amro, dans une bataille historique qui l’oppose au britannique Barclays. Avec respectivement 95,45% et 96,12% des voix, les actionnaires de Fortis réunis à Bruxelles le matin et à Utrecht, au nord d’Amsterdam, l’après-midi, ont montré “le soutien fort” dont bénéficie l’offre, s’est félicité lors d’une conférence de presse le directeur exécutif de Fortis Jean-Paul Votron. L’offre du consortium de banques qui, outre Fortis, comprend également la banque britannique Royal Bank of Scotland et l’espagnole Banco Santander, valorise ABN Amro à 71,1 milliards d’euros, un montant sans précédent dans le secteur. Fortis contribue pour un gros tiers à cet achat, soit 24 milliards d’euros, et a également reçu lundi l’accord de ses actionnaires pour une augmentation de capital d’un maximum de 13 milliards d’euros afin de le financer. La direction de Fortis “se sent particulièrement soutenue, ceci est un moment de grande importance historique”, a déclaré son président Maurice Lippens à l’issue du vote. Fortis était considéré comme le maillon faible du consortium et de nombreux journaux faisaient planer l’ombre d’un vote négatif, en raison de spéculations des “hedge funds” (fonds spéculatifs) qui se seraient précipités récemment au capital de la banque. Une offre concurrente de la banque britannique Barclays, qui avait publié une offre amicale sur ABN Amro en avril, a été lancée officiellement lundi matin à Londres. Elle courra à partir de mardi et jusqu’au 4 octobre. Barclays avait évalué cette offre révisée, à 37% en numéraire, à 67,5 milliards d’euros en l’annonçant le 23 juillet. Elle a depuis perdu plusieurs milliards d’euros en raison du recul du titre Barclays en bourse.
Si c’est finalement le consortium qui l’emporte sur Barclays, Fortis récupérera un certain nombre d’actifs d’ABN Amro, à savoir ses activités de banque de détail aux Pays-Bas, ainsi que ses divisions de gestion du patrimoine et de banque d’affaires servant les petites et moyennes entreprises. Dans ce domaine, le belgo-néerlandais vise à devenir numéro trois en Europe. Généralement, Fortis ambitionne de devenir la première banque sur son marché d’origine, le Benelux, et la cinquième de la zone euro. Dans un tel scénario, Fortis servira 10 millions de clients en banque de détail et emploiera 80.000 collaborateurs, dont 30.000 aux Pays-Bas, où il possédera 2.000 agences. “C’est une énorme opportunité pour les gens aux Pays-Bas. Nous avons reçu un fort soutien pour croître”, s’est félicité le directeur exécutif de Fortis Jean-Paul Votron après le vote d’Utrecht. Les agences de détail d’ABN Amro aux Pays-Bas devraient garder leur logo et marque, a-t-il promis à des actionnaires inquiets. Fortis estime pouvoir retirer 1,3 milliard d’euros avant impôts de synergies annuelles de cette opération à partir de 2010. “Soyez rassurés: cette intégration sera elle aussi couronnée de succès”, a promis le directeur financier Gilbert Mittler en rappelant les avantages retirés par les actionnaires de la fusion ayant mené en 2000 à la création de Fortis. Si la direction d’ABN Amro est plus favorable à l’offre de Barclays, les actionnaires risquent fort d’opter pour celle du consortium, à ce jour mieux-disante. Toutefois, Barclays a marqué un point lundi, en décrochant le feu vert de la Commission européenne pour son projet d’acquisition. Un blanc-seing que doit encore décrocher le consortium. La transaction est également soumise à l’aval du ministre des Finances néerlandais Wouter Bos, conseillé en cela par Banque centrale néerlandaise. |
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