[08/08/2007 18:33:50] PARIS (AFP) Le déficit commercial français a continué de se creuser au premier semestre, rançon de l’euro fort et du pétrole cher mais aussi et surtout, selon le gouvernement, d’un problème de compétitivité et de dynamisme à l’export des PME auquel il promet de s’attaquer. “Nous enregistrons un très mauvais semestre”, a reconnu mercredi le secrétaire d’Etat aux Entreprises et au Commerce extérieur, Hervé Novelli, lors d’une conférence de presse. Après une année 2006 qui s’était soldée par un déficit record de 26,8 milliards d’euros, 2007 ne s’annonce guère sous de meilleures auspices. A mi-parcours, le déficit dépasse les 15 milliards d’euros contre 13 milliards un an plus tôt à la même période et 13,7 milliards au second semestre 2006, selon les chiffres publiés par les Douanes. Une contre-performance due à des exportations flageolantes, notamment dans le secteur automobile. Au total, les ventes françaises n’ont augmenté que de 1,3% par rapport au second semestre 2006, à 198,9 milliards d’euros, malgré la livraison de 145 avions Airbus, un record semestriel, et une nette progression des ventes de produits agricoles et agroalimentaires.
Dans le même temps, les importations ont progressé de 2%, à 214,1 milliards d’euros. M. Novelli, qui présentait pour la première fois ces chiffres devant la presse, en a profité pour livrer sa vision du commerce extérieur. Sans écarter les explications traditionnellement avancées par le gouvernement précédent: le niveau élevé de l’euro, qualifié de “préoccupation”, où l’envolée du pétrole, qui “pèse fortement”, le ministre les a relativisées. La “variable” euro “n’est pas à elle seule susceptible d’expliquer nos difficultés”, a-t-il estimé. Quant à l’énergie, sa facture a diminué de 9,5%, et le solde hors énergie accuse pour la première fois un déficit (-2,6 milliards), ce qui est jugé “préoccupant” par le ministre. Si la France “perd des parts de marché”, c’est surtout le fait de “facteurs structurels”, a-t-il expliqué, prenant pour “référence” l’Allemagne, premier exportateur mondial, qui a annoncé mercredi un nouvel excédent commercial de 16,5 milliards d’euros en juin. M. Novelli a pointé le faible nombre d’entreprises moyennes, plus susceptibles d’exporter, deux fois plus nombreuses outre-Rhin, une présence insuffisante sur les marchés les plus porteurs (Europe centrale, Chine, Russie) et une compétitivité “dégradée”, qui entame les marges des entreprises. Un constat partagé par Nicolas Bouzou, économiste d’Asterès, pour qui le taux de profit “historiquement bas” des entreprises freine leurs exportations “car il faut de l’argent pour prospecter, puis exporter”. Pour M. Bouzou, le renforcement de la compétitivité industrielle passe par une baisse des charges des entreprises, via une réduction de l’impôt sur les sociétés et l’éventuelle mise en place d’une TVA sociale, comme en Allemagne. Sans s’avancer sur ce terrain, Hervé Novelli a évoqué parmi ses priorités “la révision générale de la fiscalité voulue par le président de la République”. Copier la stratégie allemande “paraît voué à l’échec”, juge au contraire, Alexander Law, économiste de Xerfi, qui prône plutôt de “mettre en avant les atouts de la France: le rayonnement de ses grandes entreprises (…) son savoir-faire spécifique, comme dans le luxe par exemple”. Autres priorités du ministre: “soutenir l’innovation” avec un élargissement du crédit impôt-recherche, favoriser l’ouverture à l’international des pôles de compétitivité et faciliter le financement des PME. |
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