Le dollar et le yen se reprennent, l’aversion au risque brouille le marché

 
 
SGE.JNV14.090807160014.photo00.quicklook.default-245x151.jpg
Des euros et des dollars (Photo : Bertrand Langlois)

[09/08/2007 16:09:24] LONDRES (AFP) Le dollar et le yen se sont raffermis jeudi, à la faveur d’une nouvelle poussée d’aversion au risque, dont le flux et le reflux jouent à l’heure actuelle un rôle déterminant sur le marché des changes sur fond de crise du crédit aux Etats-Unis.

Jeudi, au lendemain d’une glissade assez nette, le yen s’est très fermement rétabli. L’euro a glissé jusqu’à 161,54 yens, en baisse de 2,2% par rapport à mercredi soir, et le billet vert jusqu’à 118,24 yens (-1,2%).

Parallèlement, même si le dollar a fait les frais du rebond du yen, il a gagné du terrain face à l’euro. La monnaie unique a reculé pendant les échanges de 1,3817 à 1,3655 dollar (-1,2%).

“C’est l’annonce de BNP Paribas qui a servi de catalyseur à ce mouvement, en offrant un nouvel exemple de la possible contagion aux marchés financiers mondiaux de la crise du crédit développée aux Etats-Unis”, explique Daragh Maher, économiste à la banque Calyon.

Jeudi, BNP Paribas a annoncé le gel de trois fonds de placement composés de titres adossés à des créances immobilières, en raison de la crise des prêts immobiliers à risque aux Etats-Unis (“subprime”), et relancé les craintes du marché sur un assèchement global des liquidités.

Cette annonce a fait plonger les bourses mondiales, et déprimé les cours du pétrole (en raison de craintes de voir la demande américaine ralentir) mais le marché des changes répond à une logique plus tortueuse.

A priori facteur négatif pour le dollar quand elle est perçue comme circonscrite aux Etats-Unis, la crise du crédit joue au contraire en sa faveur lorsque les marchés craignent sa diffusion au reste de l’économie mondiale.

“Quand le problème est perçu comme susceptible de se répandre hors des Etats-Unis, le dollar joue son rôle de valeur refuge, et s’apprécie”, explique Daragh Maher.

La crise actuelle “a donc un double effet positif: pour le dollar grâce à sa qualité de valeur refuge, et pour le yen parce qu’elle incite les investisseurs à réduire leur exposition au risque”, souligne-t-il.

L’évolution du yen est déterminée par les aléas des opérations dites de “carry trade”: dans un contexte de stabilité des marchés financiers et de volatilité minimale, les cambistes n’hésitent pas à se lancer à la recherche d’investissements risqués mais rentables.

La technique consiste à emprunter une devise à bas prix, puis à l’échanger contre une devise permettant d’investir dans une économie offrant de meilleurs rendements, en empochant au passage une substantielle différence.

La devise de financement du carry trade est par excellence le yen: avec des taux d’intérêt à 0,50% au Japon, il est particulièrement bon marché et permet de générer des bénéfices importants, une fois échangé contre l’euro, la livre ou d’autres devises dites à haut rendement (“high yielders”).

Mais dans les périodes d’aversion au risque, les investisseurs réduisent au contraire leur exposition à ces opérations, ce qui se traduit par des rachats de yens.

“Le marché bruit de rumeurs sur la santé des institutions financières exposées” à la crise du crédit américain. “Dans ces circonstances de restriction des liquidités, la volatilité va augmenter et le yen grimper”, analyse Derek Halpenny, économiste à la Bank of Tokyo-MUFJ.

 09/08/2007 16:09:24 – © 2007 AFP