[10/08/2007 13:32:36] FRANCFORT (AFP) La Banque centrale européenne a de nouveau envoyé un signal fort vendredi pour rassurer les marchés inquiets de la crise du crédit à risques aux Etats-Unis en procédant pour le deuxième jour consécutif à une injection massive de liquidités. La BCE a mis cette fois-ci 61,05 milliards d’euros à la disposition des banques via à un appel d’offre rapide sur trois jours. La veille, elle avait déjà injecté 94,8 milliards d’euros pour remédier à une pénurie de liquidités. Jamais la banque centrale n’avait mis à disposition autant d’argent sur le marché: au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, elle avait injecté 69,3 milliards d’euros, puis 40,3 milliards. Dans la foulée, les Bourses de Paris et de Londres ont plongé de plus de 3%, comme elles l’avaient déjà fait la veille. Extrêmement tendu la veille, le marché monétaire se calmait temporairement. En début d’après-midi, le taux d’intérêt au jour le jour tournait autour de 4,10% alors qu’il avait grimpé jusqu’à 4,7% la veille. La crise du crédit immobilier à risque aux Etats-Unis, ou “subprime”, s’étend inexorablement, du crédit, à celui du pétrole et même à celui des devises. Il devient en effet de plus en plus difficile de trouver des liquidités sur le marché du crédit, ce qui pousse les investisseurs à se tourner vers le marché monétaire, poussant les taux à la hausse. La nervosité est montée en flèche jeudi sur les marchés financiers après l’annonce par BNP Paribas du gel de trois fonds adossés sur des crédits à risque. Signe de l’ampleur de la crise, les banques centrales ont décidé d’agir de manière concertée. La Réserve fédérale américaine (Fed) a injecté 24 milliards de dollars jeudi, tout comme la Banque d’Angleterre (BoE), la Banque nationale Suisse et celle du Japon (BoJ). Elles ne devraient pas s’arrêter en si bon chemin, selon les observateurs. “L’intervention des banques centrales a été la bienvenue et elle devrait continuer afin que la confiance revienne peu à peu”, jugeaient les analystes de Natixis dans une note. Un point de vue partagé par le chef économiste de la Commerzbank, Jörg Krämer, pour qui “la BCE a utilisé les bons outils pour calmer la situation”. La question qui est sur toutes les lèvres est à présent de savoir où va s’arrêter le cyclone, alors que les incertitudes planent sur les pertes exactes que la crise du “subprime” va entraîner pour les banques touchées. Et “s’il y a une chose que les marchés haïssent, c’est l’incertitude”, souligne Gilles Moec, chef économiste de Bank of America, interrogé par l’AFP. “Les conséquences ne vont pas rester limitées aux marchés financiers”, avertit M. Krämer. “La conjoncture aux Etats-Unis, et donc dans le monde, va encore longtemps souffrir des suites négatives”. Pour certains observateurs, la tourmente actuelle pose de sérieuses questions sur le cycle de resserrement monétaire de la BCE, entamé fin 2005. Mais la grande majorité des analystes estime pour l’instant que l’institut monétaire ne fera pas machine arrière après avoir clairement fait comprendre qu’il allait encore relever ses taux en septembre. Ils parient plutôt pour un statu quo par la suite avant éventuellement, si la situation s’aggrave, des baisses de taux. La BCE voit toujours des tensions inflationnistes liées à la croissance robuste en zone euro. Et elle a multiplié les déclarations rassurantes sur les remous actuels sur le marché, parlant de “tensions passagères” et appelant les différents acteurs à garder leur “sang froid”. “Le geste d’hier n’indique absolument pas que la BCE songe d’ores et déjà à arrêter son cycle de durcissement monétaire ou à engager un cycle de baisse de taux. Elle a simplement agi par précaution face à une hausse subite des demandes de liquidités”, notait entre autres Peter Müller, de la Commerzbank. |
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