France : l’industrie rechute, un mauvais augure pour la croissance

 
 
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La chaîne de montage de l’usine PSA Peugeot-Citroën de Mulhouse, le 16 septembre 2004 (Photo : Olivier Morin)

[10/08/2007 13:16:44] PARIS (AFP) Brièvement sortie de l’ornière en début d’année, l’industrie française a rechuté au deuxième trimestre en raison notamment de la panne du secteur automobile, laissant craindre aux économistes une croissance moins forte que prévu sur la période.

C’est la deuxième mauvaise nouvelle de la semaine pour l’économie française. Après le déficit commercial record de 15 milliards d’euros au premier semestre annoncé mercredi, la production industrielle a reculé de 0,3% au deuxième trimestre, affichant même un repli de 0,5% sur le seul mois de juin, a indiqué vendredi l’Institut de la statistique et des études économiques (Insee).

Au premier trimestre la production industrielle avait augmenté d’environ 1%.

“La production industrielle replonge”, déplore Alexander Law, économiste chez Xerfi. “Ce n’est pas une bonne nouvelle”, renchérit Philippe Waechter, économiste chez Natixis. Car, selon les économistes, cette contre-performance, associée au déficit commercial, a forcément amputé la croissance du produit intérieur brut français au 2ème trimestre.

Le chiffre de la croissance, dont la première estimation sera publiée mardi prochain par l’Insee, était jusqu’ici attendu aux alentours de 0,6%. A ce niveau, la France semblait en bonne voie d’engranger une croissance comprise entre 2,25% et 2,5% pour l’année 2007, objectif affiché du gouvernement.

Désormais, “on se dirige plutôt vers un taux de croissance de 0,4 à 0,5%” pour le deuxième trimestre, estime M. Waechter, en partie suivi par Mathieu Kaiser (BNP Paribas), qui table sur une fourchette de 0,5 à 0,6%.

Or, si la croissance fléchit et limite les recettes fiscales, l’équilibre budgétaire, déjà délicat, deviendra plus acrobatique encore.

A la source de cette “nouvelle et forte déception” pour M. Kaiser, on trouve avant tout l’automobile, secteur qui pèse 12% de l’industrie manufacturière.

“L’industrie française est malade de son secteur automobile, qui accumule les contre-performances”, analyse aussi Alexander Law, relevant que l’activité de ce secteur a fondu de 2,4% au deuxième trimestre.

Mais les autres secteurs industriels n’ont guère brillé non plus. La production de biens intermédiaires (produits chimiques, composants électroniques…), secteur clé de l’industrie française, a chuté de 1,4% en juin, entraînant une stagnation de l’activité sur l’ensemble du deuxième trimestre. Même situation dans le secteur des biens de consommation, avec une production trimestrielle atone, malgré un frémissement de 0,2% en juin.

Seule la branche des biens d’équipement, qui a bénéficié du redressement des exportations d’Airbus, tire son épingle du jeu, avec une hausse de 0,3% sur le trimestre.

Au vu de ce tableau morose, les économistes tirent la sonnette d’alarme. Si la consommation des Français, toujours solide, demeure le moteur de l’économie, “le problème se situe au niveau des entreprises”, insuffisamment compétitives, résume Philippe Waechter.

Si la production manufacturière “devrait connaître une amélioration progressive au second semestre” avec une reprise “possible” de la production automobile, selon Mathieu Kaiser, les prochains mois s’annoncent difficiles.

Pour cet économiste, “le décalage entre la faiblesse de la production manufacturière et le dynamisme des dépenses des ménages devrait persister”, en raison notamment des nouvelles baisses d’impôts, et se solder par un nouveau creusement du déficit commercial.

 10/08/2007 13:16:44 – © 2007 AFP