[10/08/2007 17:09:51] FRANCFORT (AFP) La Banque centrale européenne a de nouveau envoyé un signal fort vendredi pour rassurer les marchés inquiets de la crise du crédit à risques aux Etats-Unis en procédant pour le deuxième jour consécutif à une injection massive de liquidités. La BCE a mis cette fois-ci 61,05 milliards d’euros à la disposition des banques via à un appel d’offre rapide sur trois jours. La veille, elle avait déjà injecté 94,8 milliards d’euros pour remédier à une pénurie de liquidités. Jamais la banque centrale n’avait mis à disposition autant d’argent sur le marché: au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, elle avait injecté 69,3 milliards d’euros, puis 40,3 milliards. Dans la foulée, les Bourses de Paris et de Londres ont plongé de plus de 3%, comme elles l’avaient déjà fait la veille. Extrêmement tendu jeudi, le marché semblait se calmer. En début d’après-midi, le taux d’intérêt interbancaire en zone euro –la prime réclamée par les banques pour se prêter mutuellement de l’argent– tournait autour de 4,10% alors qu’il avait grimpé jusqu’à 4,7% la veille. La crise du crédit immobilier à risque aux Etats-Unis, ou “subprime”, s’étend inexorablement, du marché crédit, à celui du pétrole et même au marché interbancaire. En clair, les banques de la zone euro, échaudées par la crise du crédit, hésitent à se prêter mutuellement de l’argent. La nervosité est montée en flèche jeudi sur les marchés financiers après l’annonce par BNP Paribas du gel de trois fonds adossés sur des crédits à risque. Signe de l’ampleur de la crise, les banques centrales ont décidé d’agir de manière concertée. La Réserve fédérale américaine (Fed) a injecté en trois temps 59 milliards de dollars, tout comme la Banque d’Angleterre (BoE), la Banque nationale Suisse et celles du Japon (BoJ), d’Australie, de Norvège et du Canada. “J’avais dit, le jeudi 2 août (…) que nous allions continuer à prêter grande attention aux développements des marchés dans la période à venir. C’est ce que nous avons fait depuis et ce que nous faisons en donnant aux marchés les liquidités appropriées”, a justifié le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, dans une interview publiée vendredi soir sur le site internet du quotidien régional Ouest France. La question qui est sur toutes les lèvres est à présent de savoir où va s’arrêter le cyclone, alors que les incertitudes planent sur les pertes exactes que la crise du “subprime” va entraîner pour les banques touchées. Et “s’il y a une chose que les marchés détestent, c’est l’incertitude”, souligne Gilles Moec, chef économiste de Bank of America, interrogé par l’AFP. “Les conséquences ne vont pas rester limitées aux marchés financiers”, avertit Jörg Krämer, chef économiste de la Commerzbank. “La conjoncture aux Etats-Unis, et donc dans le monde, va encore longtemps souffrir des suites négatives”. Pour certains observateurs, la tourmente actuelle pose de sérieuses questions sur le cycle de resserrement monétaire de la BCE, entamé fin 2005. Mais la grande majorité des analystes estime pour l’instant que l’institut monétaire ne fera pas machine arrière après avoir clairement fait comprendre qu’il allait encore relever ses taux en septembre. Ils parient plutôt sur un statu quo par la suite avant éventuellement, si la situation s’aggrave, des baisses de taux. La BCE voit toujours des tensions inflationnistes liées à la croissance robuste en zone euro. Et elle a multiplié les déclarations rassurantes sur les remous actuels sur le marché, parlant de “tensions passagères”. “Le geste d’hier n’indique absolument pas que la BCE songe d’ores et déjà à arrêter son cycle de durcissement monétaire ou à engager un cycle de baisse de taux. Elle a simplement agi par précaution”, notait entre autres Peter Müller, de la Commerzbank. |
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