[11/08/2007 09:24:53] BRUXELLES (AFP) Dans les effluves de chocolat, Stefaan Verbreke, employé de l’usine Godiva de Bruxelles, surveille avec une attention teintée de gourmandise les pralines belges en cours de fabrication qui, après quarante ans sous pavillon américain, s’apprêtent à changer de propriétaire. Le groupe agroalimentaire américain Campbell Soup, qui a acquis Godiva en 1966, a annoncé jeudi “explorer” une “possible cession” de la marque de chocolats belges haut de gamme pour se recentrer sur ses produits de base, les soupes et snacks principalement. “Ici on aime le chocolat et on travaille souvent dans l’usine depuis longtemps, en famille”, raconte M. Verbreke, 56 ans, dont 38 ans passés chez le chocolatier. Responsable d’une équipe pour l’enrobage des chocolats, il a exercé tous les métiers dans l’entreprise et se souvient de l’ancienne maison, créée en 1926 par le Belge Joseph Draps. “A la fin des années 60, c’était une petite entreprise familiale. Toute la famille Draps y travaillait. Nous étions une soixantaine et il y avait beaucoup de travail à la main. Puis on est passés de la maison Godiva à l’usine en 1972. On a acheté des machines et on s’est tournés vers l’international, les Etats-Unis, le Japon…”, raconte-t-il. C’est aux Etats-Unis, en Pennsylvanie, que se trouve aujourd’hui la principale usine de la marque au caractéristique ballotin doré. Elle est très appréciée sur le marché nord-américain, où elle est distribuée dans plus de 3.000 points de vente.
Mais c’est toujours dans la chocolaterie historique de Bruxelles que sont fabriqués les chocolats destinés à la Belgique, au reste de l’Europe, à l’Asie et aux boutiques des aéroports. Environ 2.500 tonnes de chocolats sortent chaque année de l’usine, soit près de 250 millions de petites “pralines”, le nom donné aux chocolats en Belgique. Conçus par des maîtres chocolatiers qui les inventent dans leur laboratoire, ganaches (crème à base de chocolat et de crème fraîche) et autres pralinés sont fabriqués dans une immense cuisine. Des ouvriers s’y affairent autour de mixeurs de caramel géants, d’énormes mottes de beurre, de citernes de praliné ou de bassines remplies de noix ou de crème. “Nous créons une dizaine de nouveaux chocolats par an. Nous travaillons sur les nouvelles tendances”, explique Olivier Lots, l’un des deux chocolatiers de Godiva à Bruxelles. “Les recettes sont ensuite mises en industrialisation”, explique-t-il. Sur des tapis roulants, des jets de chocolat chaud tombent sur ces préparations dont la recette est gardée secrète, tandis que des ouvriers récupèrent le chocolat liquide qui tombe des chaînes de production. Quelque 220 personnes travaillent dans l’usine de Godiva à Bruxelles en basse saison. Ils sont une centaine de plus à l’approche de Noël, où l’usine tourne jour et nuit. Avec l’annonce de la vente de la marque, certains ouvriers se disent préoccupés pour leur emploi. “On est maintenant dans une position d’attente pour savoir qui pourrait être un potentiel acheteur”, se contente de dire Nicolas Bouvé, directeur général de Godiva pour l’Europe. Selon le quotidien américain Wall Street Journal, des fonds d’investissement, des investisseurs issus du golfe Persique ou de grands groupes agroalimentaires pourraient être intéressés par la reprise de Godiva, l’un des leaders mondiaux des chocolats de luxe. Le groupe réalise 500 millions de dollars (365 millions d’euros) de chiffres d’affaires annuel, dont une grande partie aux Etats-Unis. |
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