[13/08/2007 09:19:47] PÉKIN (AFP) Avec un taux d’inflation au plus haut depuis dix ans, la Chine est entrée dans une zone “périlleuse” selon certains analystes, qui s’attendent à une nouvelle hausse des taux d’intérêt, la quatrième de l’année, pour freiner la machine économique. L’inflation, repartie depuis quelques mois, a bondi en juillet, avec un indice des prix à la consommation progressant de 5,6%, un niveau jamais vu depuis 1997. “C’est le plus fort niveau de l’indice enregistré en dix ans”, a souligné Stephen Green, de la banque Standard Chartered. Il dépasse en tous cas largement l’objectif annuel de 3% fixé par le gouvernement. Le phénomène est de nouveau dû à la forte hausse des prix de l’alimentaire (+15,6%), représentant le tiers environ du budget des ménages chinois (contre 15% environ aux Etats-Unis). “Avec une inflation franchissant la barre des 5%, bientôt on ne débattra plus pour savoir s’il y a surchauffe ou non, mais pour savoir comment l’économie va atterrir: brutalement ou en douceur”, estiment Hong Liang et Eva Yi, analystes de Goldman Sachs. L’inflation est dans “la zone périlleuse. Faute de mesures de resserrement monétaire décisives (…), l’atterrissage pourrait être plus difficile”, ajoutent-elles. Dans le China Securities Journal, un responsable de la banque centrale, Zhang Tao, a également souligné lundi que “différents indicateurs économiques (étaient) en hausse et pourraient pénétrer la zone d’alarme”. Déjà, dans son rapport trimestriel, la banque centrale a souligné la semaine dernière qu’il y avait “une nette tendance à passer de la croissance rapide à la surchauffe”, avec une inflation, un excédent commercial et des investissements qui devraient rester forts au deuxième semestre. La banque centrale a insisté sur “le risque inflationniste”, promettant de prendre les mesures macroéconomiques nécessaires. “Nous avons le sentiment que la Banque prépare le marché à de nouvelles hausses des taux (…) et qu’elle devrait commencer à vendre les obligations spéciales (prévues pour lancer la nouvelle Compagnie d’investissement publique), afin d’éponger un peu de la liquidité excessive au deuxième semestre”, a commenté une note de recherche de Morgan Stanley. “La banque centrale est sûrement sous pression pour accroître les taux d’intérêt” qu’elle a déjà relevés trois fois cette année, d’autant que le taux réel (la différence entre taux d’intérêt et inflation) “est toujours en territoire négatif”, a pour sa part estimé lundi Cheng Manjiang, analyste de Bank of China International. Le taux de rémunération des dépôts à un an est aujourd’hui de 3,33%, et pour les épargnants gardant leur argent en banque, ne compense pas l’inflation, laquelle a progressé au total de 3,5% sur les sept premiers mois de l’année, selon le BNS. Nombreux sont d’ailleurs les particuliers qui, malgré les risques, se sont tournés depuis l’an dernier vers la Bourse, qui s’envole. L’indice composite de la place de Shanghai a gagné plus de 75% cette année, après 130% déjà en 2006. Mais, en dépit des craintes, de nombreux analystes soulignaient aussi lundi que le secteur non alimentaire n’avait gagné que 0,9% le mois dernier, moins même qu’en juin (+1%), et que les hausses de l’alimentaire devraient être temporaires, sous l’effet notamment des mesures prises par le gouvernement, comme les aides aux éleveurs de porcs, pour en accroître la production. Sun Mingchun de Lehman Brothers voit ainsi “un indice des prix culminant en juillet-août (…) pour atteindre 4% sur l’année”. “Nous continuons de penser que le pic actuel d’inflation va suivre son cours gentiment” et finir par baisser rapidement, renchérit Julian Jessop de Capital Economics. |
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