[13/08/2007 09:58:55] TOKYO (AFP) Le groupe japonais Toshiba a annoncé lundi la vente au groupe public kazakh de production et traitement d’uranium Kazatomprom de 10% du fabricant américain de réacteurs nucléaires Westinghouse, pour 540 millions de dollars. Kazatomprom est “un leader mondial de l’exploitation des ressources” et sa présence dans le capital de Westinghouse “renforcera le développement mondial de notre activité énergie atomique”, s’est félicité Toshiba dans un communiqué, qualifiant le groupe kazakh de “partenaire stratégique”. Kazatomprom exploite des mines d’uranium dans le sud du Kazakhstan et produit du combustible nucléaire. Il possède également trois centrales thermiques au gaz. Son unique réacteur nucléaire est en cours de démantèlement. Les médias japonais spéculaient depuis plusieurs semaines sur cette opération. Selon eux, Toshiba a promis de transférer des technologies de traitement de l’uranium au groupe kazakh en échange d’un approvisionnement stable en combustible nucléaire pour ses centrales. Actuellement, l’industrie nucléaire japonaise se fournit en uranium essentiellement auprès de l’Australie et du Canada. La montée en puissance de la Chine et de l’Inde a cependant rendu le marché du combustible nucléaire de plus en plus concurrentiel, ce qui pousse les firmes nippones à chercher à diversifier leurs sources d’approvisionnement. “La stratégie de Toshiba consiste à contrôler l’ensemble de la chaîne nucléaire, de l’amont à l’aval”, a expliqué Tatsuya Mizuno, analyste du secteur de l’énergie chez Fitch Ratings. “Il est important pour l’entreprise d’assurer son approvisionnement en uranium, car la bataille pour le contrôle des ressources va probablement s’intensifier au fur et à mesure que le nombre de réacteurs nucléaires augmente dans le monde”, a ajouté M. Mizuno. Toujours selon les médias nippons, Toshiba a reçu l’assurance de la part des autorités américaines qu’elles ne s’opposeraient pas à la transaction. L’entrée d’une firme étrangère dans le capital d’une société américaine disposant de technologies nucléaires est obligatoirement soumis au feu vert de Washington. “Westinghouse est une entreprise importante pour les Etats-Unis, et particulièrement depuis que le gouvernement américain a décidé de promouvoir l’énergie nucléaire”, a souligné M. Mizuno. Selon lui, le montant de la participation prise par Kazatomprom est toutefois trop faible pour inquiéter Washington. “Tant que leur part reste aux environs de 10%, il n’y a aucune crainte de voir la compagnie prendre le contrôle du management ou gagner un grand poids dans les prises de décisions”, a-t-il jugé. Après cette vente, Toshiba conservera 67% de Westinghouse, dont il avait acquis l’an dernier 77% auprès du britannique British Nuclear Fuels (BNFL) pour 4,158 milliards de dollars, une somme que les analystes avaient jugé largement excessive. La note de la dette du groupe nippon avait alors été abaissée. Les autres actionnaires de Westinghouse sont l’américain Shaw Group, qui avait acheté une part de 20% en même temps que Toshiba, et le japonais IHI (Ishikawajima-Harima Heavy Industries) pour les 3% restants. A l’origine, Toshiba avait manifesté son intention de ne conserver que 51% de Westinghouse. Mais selon des informations de presse, jamais confirmées par le groupe, des négociations en vue de céder une large part aux maisons de commerce nippones Marubeni et Mitsui ont finalement capoté. Westinghouse, basé en Pennsylvanie (nord-est des Etats-Unis), fournit les équipements utilisés dans près de la moitié des réacteurs nucléaires en service dans le monde. En achetant ce groupe, Toshiba est devenu le deuxième constructeur mondial de centrales nucléaires, derrière le français Areva. |
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