La croissance française marque le pas et complique la tâche du gouvernement

 
 
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Evolution trimestrielle du PIB français

[14/08/2007 15:51:53] PARIS (AFP) La croissance de l’économie française, déjà timide en début d’année, a marqué le pas au printemps, compliquant la tâche du gouvernement qui tablait sur une progression supérieure à 2,25% en 2007 pour contenir les déficits.

Après 0,5% de hausse au premier trimestre, le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,3% au deuxième, a annoncé mardi l’Institut national de la statistique (Insee) dans une première estimation, susceptible d’être révisée.

“+L’effet Sarkozy+ sur l’économie française a fait pschitt”, commente Alexander Law, du cabinet d’études Xerfi. Le chiffre est “décevant”, pour Mathieu Kaiser (BNP Paribas), puisque inférieur de moitié aux prévisions de l’Insee et de la Banque de France.

Au vu de ces chiffres, il n’y a plus guère d’économistes pour parier, comme le gouvernement, sur une croissance comprise entre 2,25 et 2,5% sur l’ensemble de l’année.

“L’idée d’atteindre une croissance de 2,5% cette année relève du fantasme”, assène Nicolas Bouzou, du cabinet d’études Asterès, jugeant que même un niveau de 2% “semble quasi inatteignable”. Il est rejoint par Alexander Law, pour qui la croissance “tournera, au mieux, autour de 1,75% cette année”. Plus optimiste, Mathieu Kaiser espère 2%.

La prévision de l’Insee, jusqu’ici de 2,1%, sera actualisée début octobre.

A Bercy, on tente de relativiser. Certes, le chiffre trimestriel “est moins bon que prévu”, a-t-on concédé. Mais “le deuxième trimestre 2007 correspond à la période électorale, qui est traditionnellement une période d’attente”, a-t-on fait valoir.

“Ce qui nous importe maintenant, c’est la croissance à venir”, a-t-on ajouté, s’appuyant sur le dernier indicateur du climat des affaires. Après avoir progressé en juin, le moral des industriels français est en effet demeuré stable en juillet, “à un haut niveau”, a souligné Eric Dubois, chef du département de la conjoncture de l’Insee.

D’autres économistes se montrent beaucoup plus soucieux. Profitant d’une inflation toujours sage (+1,1% sur un an en juillet), les ménages “continuent à faire de la résistance”, avec des dépenses toujours en hausse, note Alexander Law. Mais les entreprises, elles, “sont sur la défensive”, s’inquiète-t-il.

“C’est gênant, d’autant que les turbulences actuelles sur les marchés financiers pourraient conduire certains chefs d’entreprise à geler provisoirement des décisions d’investissement en attendant d’y voir plus clair”, estime cet économiste.

Au deuxième trimestre, ces investissements, “composante la plus importante pour la croissance à long terme de l’économie”, n’ont “même pas progressé”, s’alarme Nicolas Bouzou, pour qui, “dans ce contexte, notre système productif ne peut que perdre en compétitivité”. Et de souligner la mauvaise performance du commerce extérieur français, qui a amputé la croissance trimestrielle de 0,3 point.

Dans ces conditions, la tâche du gouvernement, qui s’est engagé à ramener fin 2007 à 2,4% du PIB le déficit public de la France (qui comprend celui de l’Etat, de la Sécurité sociale et des collectivités locales), s’annonce compliquée.

Car une croissance nettement plus faible que prévu en 2007 pourrait se solder par de moindres rentrées fiscales et un déficit budgétaire accru. Le ministre du Budget et des Comptes publics, Eric Woerth, a déclaré à l’AFP n’avoir “aucune inquiétude” à ce sujet. “On a des recettes fiscales qui se tiennent bien et des dépenses qu’on maîtrise bien”, a-t-il assuré.

On “pourrait bien reparler de la TVA sociale”, glisse Nicolas Bouzou, en plaidant pour un “électrochoc qui aille au delà du sympathique mais limité +paquet fiscal+”.

 14/08/2007 15:51:53 – © 2007 AFP