Le déficit commercial américain s’améliore malgré le pétrole et la Chine

 
 
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Des voitures General Motors tout juste sorties de l’usine, à Troy dans le Michigan, le 28 novembre 2006

[14/08/2007 15:46:51] WASHINGTON (AFP) Le déficit commercial américain s’est réduit en juin malgré les prix du pétrole et le poids de la Chine, profitant d’une hausse des exportations à l’heure du dollar faible.

Le déficit s’est réduit de 1,7% en juin à 58,1 milliards de dollars, ce qui est le niveau le plus faible depuis février. Il a surpris les analystes qui tablaient sur une aggravation du déficit autour de 61 milliards de dollars.

Pour les analystes, c’est d’abord une bonne nouvelle pour la croissance.

“Elle pourrait être révisée à 4,2% au lieu de 3,4%” au deuxième trimestre, a affirmé Nigel Gault de Global Insight.

“Bien sûr, l’économie reste vulnérable aux ondes de choc propagées par les marchés financiers, mais il est réconfortant de savoir qu’elle avait plus de réserves qu’on ne le pensait”, a-t-il ajouté.

Sur les six premiers mois de l’année, le déficit de la balance commerciale atteint 352,7 milliards de dollars, soit une baisse par rapport aux 382,3 milliards enregistrés sur la même période l’année précédente.

Si la tendance se confirme, les Etats-Unis devraient pour la première fois en six ans voir leur déficit baisser en 2007.

La réduction du déficit de juin s’explique notamment par une hausse de 1,5% des exportations, à 134,5 milliards de dollars, ce qui est un niveau historique. Profitant de la faiblesse du dollar, les Américains ont vendu des montants records de services, de produits alimentaires et de véhicules notamment.

Dans le même temps leurs importations ont progressé de 0,5% à 192,7 milliards. C’est une performance remarquable compte-tenu du bond des prix à l’importation du pétrole, au plus haut depuis septembre; mais le déficit de la balance pétrolière a réussi à reculer légèrement.

Les analystes soulignent toutefois que la balance commerciale garde ses handicaps traditionnels.

“Le pétrole, la Chine et les produits automobiles représentent 95% du déficit. Aucune solution ne sera possible sans s’attaquer à ces trois points”, estime Peter Morici, professeur d’économie à l’université du Maryland.

Pour le pétrole, l’économiste suggère de diversifier les sources d’approvisionnement. Pour l’automobile, il juge nécessaire d’améliorer les méthodes de gestion et de renégocier les contrats de travail.

La Chine est le problème le plus délicat: elle a représenté près d’un tiers du déficit total en juin.

Les Américains sont très dépendants des produits “made in China” pour leur consommation courante. Mais les industriels et les démocrates sont de plus en plus nombreux à dénoncer les pratiques commerciales chinoises de sous-évaluation du yuan qu’ils jugent déloyales.

“Sans ajustements importants des taux de changes, le déficit commercial continuera d’empoisonner les relations USA-Chine”, estime M. Morici.

Les consommateurs commencent eux aussi à jeter un oeil suspicieux sur les produits chinois dont la qualité est remise en question. Le rappel mardi par Mattel de 18 millions de jouets fabriqués en Chine est encore venu illustrer ce problème.

Toutefois les Etats-Unis ont peu de pouvoir pour faire bouger Pékin.

L’administration se refuse à une accusation formelle de manipulation du yuan, consciente des risques que cela pourrait comporter si Pékin décidait par rétorsion de vendre une partie de ses énormes réserves en dollars.

Des responsables économiques chinois, cités dans la presse britannique, avaient suscité l’émoi aux Etats-Unis la semaine dernière en évoquant cette idée.

Reste pour les Etats-Unis le canal de l’OMC: lundi, ils ont demandé officiellement à l’institution internationale de trancher le différent avec Pékin sur la protection de la propriété intellectuelle.

 14/08/2007 15:46:51 – © 2007 AFP